La prétérition : définition d’une figure de style de l’atténuation

Qu’est-ce que la « prétérition » ?

La prétérition est une figure de style consistant à affirmer de manière explicite une chose que l’on dit vouloir omettre, et donc passer sous silence.

Elle est principalement utilisée pour attirer l’attention de l’interlocuteur et mettre un fait en relief : c’est la raison pour laquelle on la retrouve souvent en littérature, au théâtre ou dans les discours de rhétorique des avocats.

Exemples :

  • Je suis pleinement satisfait de votre travail, inutile de vous le dire…
  • Nous n’essaierons pas de donner une idée de ce nez tétraèdre. (Victor Hugo, « Notre-Dame de Paris »)


Prétérition : définition et exemples pour bien la comprendre

Du latin « praeteritus » (soit « ce qui est laissé de côté »), la prétérition est une figure de style consistant à parler d’une chose de manière explicite tout en déclarant vouloir la passer sous silence.

Un paradoxe ? Tout à fait !

Également nommée paralipse (« παράλειψις » ou « paráleipsis », soit omettre, passer sous silence) ou encore prétermission, la prétérition est couramment utilisée à l’oral. Très prisée des orateurs, elle vient par ailleurs ajouter une touche d’ironie dans les discours.

De fait, on la retrouve beaucoup en littérature, dans les bandes dessinées (pensez aux célèbres Dupond et Dupont dans « Tintin » !). Ou encore dans les cours d’assise où elle est volontiers employée comme technique d’argumentation stratégique par les juges et avocats dans leurs discours de défense.

Exemples :

Vous faites partie de la famille, cela va sans dire !
Je ne vais pas entrer dans les détails, mais la suppression de cette réforme a été accueillie avec un enthousiasme certain dans notre commune.
Madame Germain, pour ne pas la nommer
Je ne raconte pas comment l’ascension du Mont-Blanc a été difficile pour nous !
Et même il paraîtrait que sa femme l’aurait quitté récemment... Mais cela ne nous regarde pas.
Les Inconnus, sketch « L’Athlétisme »
La « prétérition » fait partie des figures de style les plus employées pour ajouter une note ironique aux énoncés. Raison de plus pour laquelle on la retrouve souvent dans les bandes dessinées.

Nommée « figure d’expression par opposition » par le grammairien Pierre Fontanier, la prétérition peut également être considérée comme une figure de l’omission ou de l’atténuation.

Mais savez-vous comment formuler une prétérition et quels critères prendre en compte pour bien l’employer ?


Comment se construit une figure de style telle que la prétérition ?

La prétérition est une figure de style généralement formée sur une négation : je ne vous dirais pas, je ne ferais pas, je ne dirai pas, il va sans dire, etc.

C’est la forme la plus commune de cette figure de style :

Je ne vous ferai pas l’honneur de m’abaisser à ce niveau !
Je ne suis pas un professionnel en la matière, mais je pense que cette idée est mauvaise.
Je ne dis pas que je ne le crois pas, mais j’ai de sérieux doutes sur sa sincérité.
Il est inutile de rappeler que nos objectifs doivent être atteints avant 2024.
Je ne dirai pas que ce devoir est vraiment médiocre.

Elle peut également être formée sous la forme d’une interrogation :

Je ne veux pas douter de toi, mais es-tu sûre d’être à la hauteur de ce poste ?

Enfin, la prétérition peut être écrite sur le mode conditionnel :

Si j’étais malin, je vous dirais que cela en vaut vraiment la peine.
Notre astuce :

Les figures de style, que l’on parle de l’asyndète, de la prétérition ou de l’hyperbate, doivent toutes être formulées de manière adéquate, c’est-à-dire sans faute d’orthographe !

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Quels effets lors de l’emploi de la prétérition ?

1. Attirer l’attention

En souhaitant dissimuler un fait tout en le dévoilant dans son intégralité, la prétérition est la figure de style par excellence pour attirer l’attention et mettre un fait en évidence pour en montrer son importance.

Je n’ai aucune arrière-pensée. Je ne veux pas t’influencer
Mais si une épée comme celle-là tuait ta sœur, nous serions bien tranquilles…
(Jean Giraudoux, « Électre »)
Si j’étais malicieux, je vous dirais que la victoire de Pascal sur les Jésuites, c’est de les avoir convertis. (F. Mauriac)
Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris,
Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris,
Le fils assassiné sur le corps de son père,
Le frère avec la sœur, la fille avec la mère,
Les époux expirant sous leurs toits embrasés
(Voltaire, « La Henriade »)

Comme on peut le constater dans ce dernier exemple, la prétérition est également couplée à de nombreux autres procédés stylistiques, comme l’énumération.

2. Désamorcer une situation

La prétérition peut aussi être utilisée pour désamorcer une situation en devançant les objections que pourraient susciter l’énonciation d’un fait. Elle peut également servir à instaurer une connivence avec l’auditoire, comme c’est le cas pour les avocats lorsqu’ils présentent leur défense dans un tribunal. Sa formulation, plus particulièrement sous une forme négative, peut permettre d’atténuer des déclarations.

Enfin, la prétérition est la figure de style idéale pour ajouter une note d’ironie aux propos, comme on peut le voir dans l’exemple ci-dessous.

La suite serait délectable,
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire, et cest regrettable,
Ça nous aurait fait rire un peu ;
Car le juge, au moment suprême,
Criait : « Maman ! », pleurait beaucoup,
Comme lhomme auquel, le jour même,
Il avait fait trancher le cou
(Chanson de Georges Brassens, « Le Gorille »)
Qu’est-ce que la prétérition en quelques lignes : fonction, emploi et effets.