La périphrase | Figure de style

Figure de style consistant à exprimer à l’aide de plusieurs mots ce que l’on pourrait dire en un seul, la périphrase est de toutes les conversations. 

Mais quels sont les secrets de cette pirouette linguistique qui sublime nos textes et nous épargne bien des répétitions ? On fait le point !

La périphrase : définition

Une périphrase est une figure de style qui consiste à remplacer un mot (nom commun, nom propre) ou un petit groupe de mots par une expression plus longue.

Elle a, dans l’immense majorité des cas, une dimension descriptive et/ou imagée. 

La périphrase, pour être considérée comme telle, doit impérativement être claire dans ce qu’elle souhaite exprimer. En d’autres termes, en l’écoutant ou en la lisant, on ne doit pas faire l’effort de s’interroger sur ce à quoi elle renvoie : le lien avec le mot ou le concept de base doit sauter aux yeux.

Périphrase def : exemple

Le roi des animaux est une périphrase fréquemment utilisée pour désigner le lion.

À l’entendre ou à la lire, on sait immédiatement ce dont il s’agit.

La périphrase appartient, au même titre que la métonymie ou la synecdoque, aux figures de style de substitution.

Elle s’avère très utile pour éviter les répétitions dans un texte ou un discours, mais également apporter épaisseur, élégance et poésie à ces derniers.

Le saviez-vous ?

Le mot périphrase nous vient du grec periphrazein, qui signifie « exprimer par circonlocution ».

Ce mot est lui-même formé à partir de deux termes grecs : peri («  autour ») et phrazein (« parler »).

Périphrase : exemples

Les périphrases peuvent être utilisées pour évoquer des lieux, des personnes, des époques, des objets ou même des concepts. À ce titre, elles sont omniprésentes dans notre vocabulaire, à l’oral comme à l’écrit.

Les périphrases courantes

En tant que français, la première périphrase qui peut nous venir à l’esprit si l’on se penche sur les noms de lieux concerne certainement Paris…

La Ville Lumière : périphrase

La Ville Lumière est une périphrase employée pour désigner Paris.

La capitale française doit ce surnom à sa qualité de pionnière en matière d’éclairage urbain depuis le milieu des années 1800, mais pas seulement. En effet, Paris fut le berceau d’un mouvement universel qui transforma à tout jamais notre rapport à l’intellect et à la connaissance : le mouvement des Lumières. Une autre périphrase liée désigne d’ailleurs cette période : le siècle des Lumières (pour parler du XVIIIᵉ siècle).

… mais elle est loin d’être la seule.

Exemples de périphrases : les lieux

  • Le Pays du Soleil levant pour le Japon ;
  • La Ville éternelle pour Rome ;
  • L’Île de Beauté pour la Corse ;
  • L’Hexagone pour la France ;
  • Le Nouveau Monde pour le continent américain ;
  • Le Toit du monde pour l’Himalaya.

Les personnes, et notamment les personnalités qui ont marqué l’Histoire, ont pu également se voir attribuer une périphrase à leur effigie.

Périphrase : exemples liés à des personnalités

  • Le Roi-Soleil pour Louis XIV ;
  • Le Maître du suspense pour Alfred Hitchcock ;
  • La Dame de fer pour Margaret Thatcher ;
  • La Môme pour Édith Piaf ;
  • L’Homme à la pipe, pour Georges Simenon ;
  • La Pucelle d’Orléans, pour Jeanne d’Arc ;
  • Le Roi de la pop, pour Michael Jackson ;
  • Le Seigneur, pour Dieu.

Aussi, un autre domaine dans lequel les périphrases sont légion est celui des langues. 

Dans le cas présent, la périphrase fait souvent référence à une figure littéraire emblématique de la langue qu’elle veut désigner.

Périphrase : noms de langues

  • La langue de Molière pour le français ;
  • La langue de Shakespeare pour l’anglais ;
  • La langue de Goethe pour l’allemand ;
  • La langue de Cervantès pour l’espagnol ;
  • La langue de Dante pour l’italien ;
  • La langue de Tolstoï pour le russe ;
  • La langue d’Ovide pour le latin…

Enfin, les périphrases s’appliquent volontiers à des entités, des objets ou des concepts de la vie courante.

Périphrase : exemples simples

  • L’or noir pour le pétrole ;
  • Le quatrième pouvoir pour la presse ;
  • Le septième art pour le cinéma ;
  • La Toile pour Internet ;
  • La Grande Faucheuse pour la mort.

Les périphrases verbales

La périphrase classique ne doit pas être confondue avec la périphrase verbale, qui diffère de la figure de style en ce qu’elle est relative aux temps verbaux et rentre dans le champ de la grammaire.

La périphrase verbale désigne une construction qui remplace un verbe simple par une locution verbale ou une expression composée de plusieurs mots, et cela pour exprimer une nuance dans le sens du verbe utilisé ou préciser le contexte de l’action.

Périphrase verbale : exemple

Dire Il se met à pleuvoir au lieu de Il pleut, c’est utiliser une périphrase verbale.

Périphrase : exemples littéraires

Puisque la périphrase est un procédé utile pour apporter de la poésie et de la consistance à un texte, il n’est pas surprenant de la retrouver dans de nombreux textes littéraires.

Ainsi, lorsque Molière titre sa pièce L’Avare, il fait directement référence à son protagoniste, Harpagon. 

Dans un registre plus poétique, Charles Baudelaire, au travers de son poème consacré à l’Albatros, désigne l’oiseau majestueux à travers une périphrase devenue emblématique : le prince des nuées

L’antonomase, une forme de périphrase

L’antonomase est une figure de style qui consiste à remplacer un nom commun par un nom propre, ou bien l’inverse.

Antonomase : exemple

Le Créateur est une antonomase employée pour désigner Dieu.

En l’utilisant, on remplace un nom propre (Dieu) par un nom commun (le créateur).

Selon sa définition et ses caractéristiques, elle peut être considérée comme une forme bien particulière de périphrase. En effet, toute antonomase est également, par la force des choses, une périphrase.

Différence entre la métaphore, la périphrase et la métonymie

La métaphore, la périphrase ainsi que la métonymie sont trois figures de style qui peuvent sembler proches par leur définition, mais elles répondent à des règles et des usages différents.

Nota bene

La métaphore est une figure d’analogie tandis que la métonymie et la périphrase sont des figures de substitution.

  • La métaphore établit une comparaison entre deux éléments. Contrairement à la figure de style de la comparaison, elle n’utilise pas de mot comparatif (comme, tel, semblable à…). La comparaison qu’elle formule est donc dite implicite.
Métaphore : exemple

Cette maison est une décharge publique !

  • La métonymie est aussi une figure de style de substitution, mais à l’inverse de la périphrase, elle repose sur un rapport logique entre deux éléments. En effet, la métonymie vient substituer un mot par un autre, mais pas n’importe lequel : ce mot doit conserver un rapport de sens avec l’expression initiale.
Métonymie : exemple

Xinran a mangé toute son assiette !

Cette phrase est une métonymie pour dire que Xinran a mangé toute la nourriture dans son assiette. En réalité, Xinran n’a pas ingéré l’assiette (l’objet) mais son contenu. Sinon, une sacrée indigestion l’attendrait…

En résumé

La métaphore est plus éloignée de la périphrase : la première est une figure d’analogie tandis que la deuxième est une figure de substitution ; leurs fonctions sont donc différentes.

Quant à la métonymie, sa mécanique est différente de la périphrase : l’expression qui remplace le mot ou l’expression initiale n’est pas seulement choisie parce qu’elle est évocatrice, mais parce qu’elle maintient un rapport de sens logique et direct.