« Prendre des vessies pour des lanternes » : qu’est-ce que ça veut dire ?
Plan de l’article :
Définition de l’expression « prendre des vessies pour des lanternes »
Cette expression française est une altération d’une ancienne expression, « vendre des vessies pour des lanternes ». Aussi bien employée à l’écrit qu’à l’oral, elle peut être interprétée de deux manières.
Vendre des vessies pour des lanternes
Prendre des vessies pour des lanternes
Au sens propre, elle signifie « se tromper grossièrement », « commettre une erreur », « se faire des illusions », voire « être trompé ». Prendre des vessies pour des lanternes, c’est donc « se fourvoyer » dans son jugement ou encore « se faire avoir » dans le langage familier.
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Je crois que j’ai pris des vessies pour des lanternes en croyant que j’allais obtenir un remboursement de mes billets de train.
Les dernières mesures du gouvernement veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Encore une fois, on nous fait prendre des vessies pour des lanternes !
Présidentielles : ne pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes
(« Sud-Ouest », article du 8 mars 2022)
Au sens figuré, la locution peut aussi être utilisée pour désigner des personnes « naïves, crédules », qui ne se fient qu’aux apparences et croient à toutes les supercheries.
Laurent croit à toutes les histoires à dormir debout : il prend des vessies pour des lanternes.
Encore un qui prend des vessies pour des lanternes !
Le saviez-vous ?
L’expression existe, de manière plus ou moins imagée, dans les autres langues : si on « vend des navets pour des citrons » en néerlandais (« knollen voor citroenen verkopen »), on « prend un chat pour un lièvre » en brésilien (« tomar gato por liebre ») et « des lucioles pour des lanternes » en italien (« prendere lucciole per lanterne »).
Enfin, en espagnol, on emploiera la locution « confundir el tocino con la velocidad », c’est-à-dire « confondre le lard et la vitesse » tandis qu’en anglais, on dira « not know one’s arse from one’s elbow », soit… « ne pas distinguer son cul du coude » !
« Prendre des vessies pour des lanternes » : quelles sont les origines de la locution ?
Quel rapport entre l’organe urinaire, la vessie, et une lanterne, me direz-vous ? Le lien entre ces deux éléments peut paraître saugrenu.
Cependant, au Moyen Âge, les vessies de porc (ou de bœuf) étaient séchées et couramment utilisées en guise de contenant grâce à leur membrane fine, transparente, mais particulièrement robuste.
Une fois gonflées d’air, elles permettaient de transporter de l’eau, des aliments ou encore d’être utilisées en guise d’éclairage, moyen plus économique que d’utiliser une véritable lanterne. Une petite bougie était installée à l’intérieur, formant ainsi un éclairage de substitution pratique et bon marché.
Ce sont ces petits luminaires que les marchands ambulants vendaient en les faisant passer pour des éclairages plus qualitatifs, la forme des vessies pouvant être confondue avec celle de véritables lanternes.
De fait, toute personne achetant des lanternes à base de vessies était considérée comme bien naïve en confondant les traditionnelles lanternes en fer avec ces répliques bon marché.
D’ailleurs, deuxième hypothèse, « lanterne désignait des balivernes et vessie se référait au vent dans “vendre vessie pour lanterne”, expression attestée au XIIIᵉ siècle », apprend-on dans la revue 1 000 expressions françaises.
Le vent faisant référence à l’air contenu dans la vessie de porc, c’est-à-dire au fait qu’elle ne contienne rien du tout : acheter une lanterne à base de vessie de porc, c’était vendre du vent ou, comme on dirait aujourd’hui, être un véritable pigeon et se faire pigeonner !
Pour aller plus loin :
Dans le Dictionnaire des expressions et locutions, les linguistes Alain Rey et Sophie Chantreau évoquent notamment l’existence de deux autres expressions anciennes : « faire de vessies lanternes » (XIVᵉ siècle) et « faire d’une lanterne vessière » (1382). Ainsi, « un lanternier […] était un “raconteur de balivernes” […] Quant à vessie, il faut noter l’expression “donner d’une vessie par le nez”, “nazarder avec la vessie de porc” (Rabelais), “rabrouer”, et enfin la parenté avec l’ancien mot “vessée”. L’ancien verbe “vessier”, “vescier”, signifiait “faire gonfler” ou “gonfler comme une vessie” ».
Quels synonymes employer pour remplacer l’expression « prendre des vessies pour des lanternes » ?
Répéter une expression peut créer des répétitions dans vos textes. Aussi, les synonymes, grâce aux différents champs lexicaux et mots de même sens qu’ils proposent, peuvent vous aider à diversifier vos écrits et éviter les redondances. Pensez à utiliser ces alternatives !
Par quoi remplacer l’expression prendre des vessies pour des lanternes ?
- Se faire duper
- Être crédule
- Être idiot
- Être naïf
- Passer pour un sot
Et en langue familière ?
De manière informelle, on pourra employer les expressions se faire avoir, se faire pigeonner ou se faire empapaouter (ce qu’on ne vous souhaite pas !)
Exemples :
Nous nous sommes fait duper lors de l’achat de notre nouvelle voiture.
Elle s’en veut d’avoir été si crédule et d’avoir cru aux bonnes paroles de son compagnon.
J’ai été bien naïf de croire que les choses s’amélioreraient !
Je suis passé pour un sot en croyant naïvement toutes ses balivernes.
Je me suis fait pigeonner/avoir/empapaouté pendant les négociations.
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