D’où vient l’expression « se faire appeler Arthur » ? – Définition et origine


Que veut dire l’expression « se faire appeler Arthur » ?

Vous avez poussé le bouchon un peu trop loin, fait une bêtise et votre entourage vous a dit que vous alliez vous faire appeler Arthur ? En voilà une expression originale et surprenante !

Mais, que diable Arthur peut-il avoir bien à faire avec nous et surtout, qui est Arthur ?

Arthur Rimbaud ?

Arthur Conan Doyle ?

Le roi Arthur ?

Rien de tout ça ! L’expression familière, certes désuète, est encore utilisée de nos jours pour dire que l’on va « se faire gronder », « recevoir des remontrances ».

se faire appeler Arthur

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Tu vas te faire appeler Arthur si tu continues à m’énerver comme ça !
Cédric a effacé toutes les photos de mon portable. Dis-lui qu’il va se faire appeler Arthur
Je te jure qu’il va se faire appeler Arthur si je le vois dans les parages.
Mais, qui est « Arthur » dans l’expression « se faire appeler Arthur » ?

Ce que l’on sait moins, c’est que cette expression cache des origines étonnantes, comme on peut le voir dans le paragraphe suivant…


Origines de l’expression « se faire appeler Arthur »

Une première hypothèse, contestée, estime que l’expression remonterait à la Seconde Guerre mondiale, sous l’occupation allemande. Le couvre-feu en vigueur dans les villes françaises était alors fixé à huit heures, soit « acht Uhr » en allemand. Portes et volets fermés, la ville devenait fantôme et plus personne n’était autorisé à circuler dehors passé ce délai.

Les soldats allemands chargés de faire respecter ce couvre-feu réprimandaient les étourdis encore de sortie en leur lançant « acht Uhr ! » dans la langue de Goethe, et ainsi leur signifier de vite rentrer chez eux. Ignorant la langue allemande, les petits Français auraient compris « Artour », soit « Arthur » dans la langue de Molière, et, par déformation linguistique, « acht Uhr » serait devenu « Arthur », soit se faire appeler Arthur.

Une anecdote d’autant plus déconcertante que l’on ne s’appelle pas Arthur !

Remarque :

L’expression être sur le qui-vive est également issue du milieu militaire.

Aujourd’hui, cette théorie est cependant contestée puisque l’expression semblerait être attestée dès 1849.

« GOBCHESTER. Oh ! god ! mais ce était un petit enragé. LE GAMIN, regardant Gobchester. Ah ! ct hure !... GOBCHESTER. Il m’appelle Arthur ! »
(Eugène Labiche, Dumanoir et Louis Clairville, « Exposition des produits de la République », 1849)

Les linguistes Jacques Cellard et Alain Rey évoquent une seconde hypothèse dans le Dictionnaire du français non conventionnel. Le terme Arthur aurait ainsi été utilisé en argot pour désigner un « proxénète », au même titre que l’expression se faire appeler Jules, de même sens. Il n’existe pas d’explications plus détaillées et le mystère demeure. La langue française n’a décidément pas fini de nous surprendre !

Le saviez-vous ?

En anglais, on utilisera l’expression « to pull up one’s socks », c’est-à-dire « se tirer les chaussettes », en espagnol « recibir un puro » (« recevoir un cigare ») et en roumain « a-i freca ridichea », soit « se faire frotter le radis » !


Synonymes de l’expression « se faire appeler Arthur »

La langue française recèle d’expressions synonymes, en particulier dans la langue familière. Toutes savoureuses et imagées, à déguster (et prononcer) sans modération !

1. Langue soutenue

  • Avoir des ennuis
  • Recevoir des remontrances
  • Réprimander
  • Se faire disputer
  • Se faire gronder
  • Se faire rappeler à l’ordre
« Se faire appeler Arthur » n’est jamais bon signe !

2. Langue familière

  • Se faire enguirlander
  • Se faire engueuler
  • Se faire frotter les oreilles
  • Se faire passer un savon
  • Se faire remonter les bretelles
  • Se faire rouspéter
  • Se faire sonner les cloches
  • Se faire taper sur les doigts
  • Se prendre une avoinée

Autres expressions françaises avec des prénoms

Les expressions familières avec des prénoms sont nombreuses et amusantes. Elles forment des antonomases, le nom propre devenant un simple nom commun au sein de la phrase.

Le saviez-vous ?

Certaines expressions, lorsqu’elles riment, peuvent être considérées comme des paronomases, soit une figure de style associant des mots aux sonorités proches.

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En voici un échantillon à découvrir et à redécouvrir pour notre plus grand plaisir :

Expressions françaises Signification
À l’aise, Blaise ! Cette locution interjective est utilisée pour désigner quelque chose que l’on réalise « facilement ». Elle est apparue au XIIᵉ siècle, d’abord sans le prénom, puis ce dernier a été ajouté vers la fin du XXᵉ siècle en guise d’assonance, afin de créer une paronomase (association de mots aux sonorités proches).
Avoir le bonjour d’Alfred La locution vient de la bande dessinée Zig et Puce, où les héros ont pour partenaire un pingouin nommé Alfred. Pour clore une conversation, ils s’exclament en chœur « t’as le bonjour d’Alfred », expression passée dans le langage courant.
Coiffer sainte Catherine Sainte Catherine était la sainte patronne des jeunes filles. L’expression signifie « être célibataire à 25 ans passés » : la jeune femme est alors nommée « catherinette ». La coutume perdure encore aujourd’hui et veut que l’on offre un chapeau jaune et vert à la jeune femme célibataire.
Cool, Raoul ! Expression utilisée pour « calmer une personne ». Le prénom Raoul a été rajouté comme assonance.
Chauffe, Marcel ! Cette expression fait référence à l’accordéoniste Marcel Azzola accompagnant le chanteur Jacques Brel. Ce dernier aurait été le premier à lui lancer cette interjection qui, depuis, est entrée dans le langage populaire.
En voiture, Simone ! L’expression fait référence à Simone Louise de Pinet de Borde des Forest, première Française à obtenir son permis de conduire en 1929.
Faire sa Marie-Chantal Marie-Chantal est l’héroïne du livre Les Carnets de Marie-Chantal de Jacques Chazot (1956). Personnage snob, elle tient des propos déconnectés de la réalité, d’où cette expression.
Faire sa Joséphine La locution est utilisée pour qualifier une personne « compliquée », « de caractère ».
Faire sa Sophie L’expression faire sa Sophie signifie « faire des manières » et remonterait au XIXᵉ siècle.
Gros-Jean comme devant Un « Gros-Jean » désignait au Moyen Âge une personne « bête, niaise ». Dans l’ouvrage Les 100 expressions favorites de nos grands-mères de Laurence Caracalla, on apprend qu’« “être Gros-Jean comme devant”, c’est être aussi bête qu’avant, sous-entendu Gros-Jean, malgré le fait qu’on lui ait précédemment expliqué quelque chose, n’a toujours rien compris ». Plus tard, cette expression change de sens sous Jean de La Fontaine, dans sa fable « La Laitière et le pot au lait » : elle « exprime le fait d’être déçu d’une situation malgré les efforts qu’on a fournis ».
Marie-couche-toi-là Il existe deux hypothèses pour expliquer l’origine de cette expression : d’une part, l’existence de Marie-Madeleine, une prostituée célèbre mentionnée dans l’Évangile, ou, d’autre part, la référence aux servantes (souvent nommées Marie) avec qui les maîtres de maison passaient du bon temps.
Pas de panique, Monique ! Locution utilisée pour calmer une personne, l’encourager à faire quelque chose « sans affolement ».
Relax, Max ! Expression de type paronomase utilisée pour former une rime. Elle est prononcée pour « calmer » une personne dans la précipitation.
Tranquille, Émile ! Locution interjective formant une paronomase et désignant une action réalisée « calmement ».
Tranquille comme Baptiste Originaire du XIXᵉ siècle, l’expression pourrait faire référence à l’humilité de Jean le Baptiste, cousin de Jésus. Comme nous l’indique l’explique Sylvie Brunet dans son ouvrage 300 expressions qui jouent avec nos prénoms, la locution pourrait aussi renvoyer à un « acteur de la Révolution française » réputé pour être stoïque.
Tu parles, Charles ! Expression signifiant « bien sûr », pouvant être associée à la locution ironique « mon œil ! ». Comme nous l’explique Sylvie Brunet dans son ouvrage 300 expressions qui jouent avec nos prénoms, la locution, apparue à la fin du XIXᵉ siècle, peut laisser percevoir une certaine forme de dédain.
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