13 mots d’origine espagnole

La langue française est influencée par un grand nombre de langues romanes, dont l’espagnol à qui l’on doit une centaine de mots employés régulièrement dans la vie de tous les jours.

Si certains sont relativement transparents, comme fiesta, flamenco, aficionado, conquistador ou chorizo, d’autres, au contraire, sont plus subtils à interpréter et nous réservent de jolies surprises.

Découverte de 13 d’entre eux, pour notre plus grand plaisir.


1. Cafétéria

Originaire du XXᵉ siècle, ce nom féminin est un emprunt de l’hispano-américain « cafetería » : il désigne un « local ou type d’établissement où l’on vend du café » ainsi que d’autres boissons et, par extension, un endroit où il est possible de se restaurer.

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Remarque :

En français, il est courant d’abréger le mot cafétéria en cafét’, cafèt’, cafette ou cafète.

  • Tu passes manger à la cafèt’ après le cours ?
  • On a mangé sur le pouce à la cafète.
  • Nous nous sommes arrêtés à la cafétéria de l’aire d’autoroute pour manger un peu et nous reposer.

« Cafétéria » est un mot utilisé quotidiennement en français. Saviez-vous que ce terme est espagnol ?
Le saviez-vous ?

En espagnol, la désignation de magasins se caractérise par l’ajout du suffixe « -tería » : « pastelería », « confitería », « panadería », « carnicería », « charcutería », « verdulería », « frutería », « ferretería ».

Ou encore « churrería » pour désigner le magasin où l’on vend des churros !


2. Chocolat

Ah, le chocolat… On l’aime, on l’adore, on le dévore !

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Et pourtant, l’origine de ce mot est assez incertaine puisque de nombreuses hypothèses sont évoquées pour expliquer les racines du terme chocolat.

L’une d’elles considère que le terme vient de l’espagnol « chocolate », un emprunt du nahuatl, une langue indigène du Mexique et du Salvador, jadis parlée par les Mayas. « Chocolate » pourrait être une contraction des termes « xocolli » (« amer ») et « atl » (« eau »), désignant, à l’origine, une boisson chaude à base d’eau et de cacao. La contraction des deux mots aurait permis de créer le mot « xocolatl », très proche de « chocol haa » (« eau chaude »), et, par extension, « chocol haa ».

Une autre supposition, plutôt controversée, estime que ce mot serait lié au bruit du batteur lors du contact des fèves de cacao et de l’eau avec les parois de la cuve.

Enfin, dernière hypothèse, le mot pourrait aussi s’apparenter au terme « chicolli », un « crochet utilisé pour mélanger le cacao dans la cuve ».

Le mot « chocolat » pourrait être issu de la contraction de deux mots issus de la langue aztèque « nahuatl ».

En français, le chocolat (volontiers abrégé choco) désigne principalement l’aliment à base de cacao ou la boisson à base de chocolat, à laquelle on peut ajouter une touche de vanille (un mot par ailleurs issu de l’espagnol « vainilla »).

Les enfants ont terminé la tablette de chocolat sans que j’y goûte…
Que préfères-tu : le chocolat noir, le chocolat au lait ou le chocolat blanc ?
C’est un gâteau tout choco avec beaucoup de moelleux et un cœur fondant. Un pur délice !
Le chocolat est un antidépresseur naturel.
Champ lexical du chocolat

  • Chocolaterie : établissement de fabrication du chocolat.
  • Chocolatier : personne chargée de fabriquer le chocolat.
  • Chocolaté : qui possède une saveur chocolat.
  • Chocolatine ou pain au chocolat : viennoiserie à base de pâte feuilletée et de chocolat.

Le mot chocolat est très similaire dans de nombreuses langues :

Langue Traduction du mot « chocolat »
allemand « Schokolade »
anglais « chocolate »
danois « chokolade »
espagnol « chocolate »
estonien « šokolaad »
finnois « suklaa »
hongrois « csokoládé »
italien « cioccolato »
néerlandais « chocolade »
norvégien « sjokolade »
portugais « chocolate »
suédois « choklad »
tchèque « čokoláda »
turc « çikolata »

3. Cédille

La fameuse cédille française, source de bien d’émois lors des dictées, tire son nom… de l’espagnol !

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« Cedilla » veut, en effet, dire « petit z » en espagnol, soit la forme exacte de la cédille placée sous la lettre « C ».

Introduite en France vers le XVIᵉ siècle, elle était jadis nommée « C à queue », façon bien littérale de désigner ce petit serpentin. Autrefois, ce signe graphique était employé dans la langue espagnole, comme en atteste le mot tête, orthographié « cabeça » avant d’être remplacé par le mot « cabeza ».

On retrouve la cédille dans un grand nombre de mots français.

Si elle a disparu en espagnol (mais pas en catalan), la cédille est cependant restée en français, où elle sert à indiquer les changements majeurs de prononciation de la lettre « C » tout en rappelant l’origine latine des mots.

Remarque :

Étymologiquement parlant, le « C cédille » provient de la lettre « C » latine palatalisée, c’est-à-dire ayant subi une « modification de l’articulation » lors d’un son palatal.

L’importance de la cédille...


4. Gaspacho

Également orthographié gazpacho, ce mot d’origine espagnole désigne une « soupe froide traditionnellement préparée en Espagne », élaborée à base de tomates, de concombres et de poivrons.

À l’origine, ce plat était préparé par les familles aux origines modestes en raison de ses ingrédients bon marché, la soupe étant généralement accompagnée de pain sec et agrémentée d’huile d’olive ou de vinaigre de xérès.

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Les tout premiers gaspachos n’étaient pas préparés à base de tomates (l’ingrédient principal de la recette d’aujourd’hui), mais à base de restes de repas (ail, fruits secs, huile, mie de pain, etc.), ce qui leur donnait une couleur blanche, bien loin du traditionnel gaspacho aux tons rouge orangé que l’on connaît de nos jours.

Gaspacho viendrait d’ailleurs du mot « caspicias », signifiant « restes » ; d’autres hypothèses évoquent un lien avec le terme espagnol « caspa » utilisé pour désigner le « duvet de certaines plantes » ou encore le basque « kaspa » (« balle de blé »). Des origines toutes incertaines !

La première mention du mot gaspacho en français est, quant à elle, attestée dans un écrit de l’auteur Prosper Mérimée dans ses Lettres d’Espagne en 1830.

L’été est la meilleure saison pour déguster un gaspacho bien frais en entrée.
Peux-tu me donner ta recette du gaspacho basque aux piquillos ?
Nous avons dégusté un gaspacho de fraises absolument délicieux.
L’origine du mot « gaspacho », terme espagnol, est très incertaine. Une chose est sûre : cette soupe froide désaltérante est très appréciée en été.
Le saviez-vous ?

Le salmorejo est une variante du gaspacho. Issue du mot « salmuera » (« saumure »), cette soupe froide, spécialité de Cordoue, est très similaire.


5. Moustique

Bzzzzz, ce bruit, c’est celui que l’on associe inévitablement aux redoutables moustiques, ces petits insectes qui viennent nous piquer l’été, dès la nuit tombée.

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Issu de l’espagnol « mosquito », soit « petite mouche », ce mot est dérivé du latin « musca », graphie que l’on retrouve avec « mosca » (« mouche ») en espagnol. Le diminutif « mosquito » s’est ensuite étendu à d’autres langues, dont le français.

Jadis orthographié « mousquitte » en ancien français et employé aussi bien au masculin qu’au féminin, le terme est ensuite passé à moustique par métathèse (c’est-à-dire par « interversion des phonèmes »).

Saviez-vous que le mot « moustique » est en grande partie issu de la langue espagnole ?
Le moustique tigre a colonisé une grande partie de la France.
L’étang est envahi par les moustiques.
Nous avons acheté un produit antimoustiques particulièrement efficace.
L’infestation de moustiques est telle que nous avons dû investir dans de nouveaux produits à la citronnelle.

6. Paella

Une paella désigne aussi bien le plat rond utilisé pour la cuisson que la recette à base de riz, de légumes, de viandes ou de poissons, originaire de Valence, près de l’Albufera.

Jadis, ce mets destiné aux gens pauvres était uniquement cuisiné le dimanche ou les jours fériés avant de devenir un des plats les plus populaires de la gastronomie espagnole.

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Le mot espagnol « paella », également employé en français, vient du latin « patella » (« petit plat »). Il signifie « poêle à frire » en valencien. Autrefois, une casserole à deux anses, nommée « padella », était utilisée pour la préparation de ce plat : elle pourrait avoir influencé la graphie de ce mot, tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Remarque :

En ancien français, on retrouve une graphie similaire avec « paële », devenue aujourd’hui poêle.

Nous avons dégusté une paella aux fruits de mer, un plat typique d’Espagne.
Connais-tu la recette de la paella ?
Le riz noir en paella est un de mes plats espagnols préférés.
La Coupe du monde de la meilleure paella a été remportée par un quinquagénaire du sud-est de la France.
Le mot « paella » se retrouve parfois sous la forme francisée « paélia ».
L’orthographe ? Trop facile !

Grâce au correcteur gratuit LanguageTool, écrire n’a jamais été aussi facile ! Disponible en plusieurs langues, dont l’espagnol, c’est la solution à tous ceux qui ont un doute sur l’orthographe, la grammaire ou la conjugaison.


7. Palabre

Originaire de l’espagnol « palabra », le « mot », la « parole », palabre est un mot que l’on retrouve assez fréquemment dans la langue française. Il est d’ailleurs généralement employé de manière péjorative pour désigner des « paroles futiles ».

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Palabre s’apparente également au verbe palabrer signifiant « parler de manière vaine, inutile » et « de manière interminable ».

Assez de palabres ! Réagissons et prenons enfin de nouvelles mesures pour endiguer ce fléau.
On ne va pas palabrer pendant des heures !
Après moult palabres, les ministres ont enfin adopté la nouvelle constitution.
On pourrait palabrer jusqu’au bout de la nuit, ça ne changerait rien.
Le saviez-vous ?

Le substantif palabre peut être aussi bien féminin ou masculin.

  • Un palabre
  • Une palabre

8. Patate

Également nommée « pomme de terre », la patate est une plante comestible à tubercules appartenant à la famille des Convolvulacées.

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Le mot est directement issu de l’espagnol « patata » et de la langue amérindienne taïno-arawak « batata ».

Les flux commerciaux ont participé à l’expansion rapide de cette plante, et donc de son appellation : le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNTRL) indique d’ailleurs que le terme « a ensuite été diffusé en français à partir de la côte ouest de la France et s’est répandu progressivement dans les dialectes de l’ouest, l’Île-de-France, du Centre, de la Champagne et de la Brie ».

La « patate », ou « pomme de terre », est, là encore, un mot issu de l’espagnol.
Remarque :

Patate peut être employée pour désigner une personne « idiote, stupide ».

  • Quelle patate, il roule n’importe comment !
  • Ce n’est pas étonnant que l’on perde, il joue comme une patate depuis le début du jeu !

Ce mot peut également désigner « un coup » (généralement, un « coup de poing ») :

  • Il lui a collé une patate et l’a blessé au niveau du visage.

Enfin, on n’oubliera pas de mentionner les expressions françaises « en avoir gros sur la patate » (« être déprimé ») ou « avoir la patate » (« être en forme »).

  • J’ai une de ces patates aujourd’hui !
  • Depuis sa séparation, il en a gros sur la patate.


9. Patio

Le mot patio désigne une « petite cour intérieure », typique des maisons espagnoles.

Généralement de forme carrée, la cour du patio est à ciel ouvert et permet à la famille de se retrouver à l’extérieur tout en restant à l’intérieur même de la maison, afin de préserver son intimité. La cour intérieure, traditionnellement pavée et dotée d’une petite fontaine ou d’un bassin en son centre, est une forme d’architecture vernaculaire que l’on retrouve aussi bien en Espagne, en Amérique du Sud ou au Maghreb.

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Les origines du terme espagnol restent incertaines : patio serait issu du latin « pactum » (« pacte », « accord ») ou de « patere » (« être ouvert », « être découvert »).

Les origines du mot « patio » sont incertaines et controversées.

10. Rodéo

Le dictionnaire Larousse définit le mot rodéo comme un « rassemblement d’animaux en vue de leur marquage » dans la pampa argentine.

Le terme est également couramment utilisé pour caractériser un jeu populaire américain et mexicain, devenu un véritable événement sportif, consistant à chevaucher des animaux sauvages (taureaux, chevaux, etc.) ou à les attraper au lasso dans un temps imparti.

Par extension, on parle souvent de « rodéo urbain » pour désigner les courses-poursuites illégales réalisées en ville à l’aide de motos ou de voitures.

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Rodéo est issu de l’espagnol « rodeo » et plus spécifiquement du verbe « rodear » (« encercler »), rappelant l’intention première du mot, c’est-à-dire l’encerclement des bêtes en vue de leur rassemblement pour diverses raisons (marquage au fer, vente, soins, etc.).

Le saviez-vous ?

Le verbe espagnol « rodear » vient du latin « rotare », « tourner autour ».

Le cow-boy a réussi à capturer le veau lors du dernier rodéo.
Les nouvelles règles du rodéo sont entrées dernièrement en vigueur aux USA.
Les rodéos urbains, ou « runs sauvages », sont la cause de nombreux accidents.
« Rodéo » vient d’un verbe espagnol signifiant « tourner autour ».

11. Sieste

Ah, la sieste

Ce mot est originaire de l’espagnol « siesta », terme lui-même issu du latin « sexta hora », la « sixième heure », c’est-à-dire l’heure de midi, propice au repos après le travail. Ce décompte spécifique suit le principe des heures canoniales, où chaque période de la journée et de la nuit est divisée en heures consacrées à un office liturgique dans la religion catholique.

La sieste désigne un « court sommeil ou la période de repos après le repas de midi », aux heures les plus chaudes de la journée (généralement entre douze et quinze heures).

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Le saviez-vous ?

La sieste est également nommée méridienne.

J’ai fait une petite sieste entre midi et deux pour reprendre des forces.
La sieste au travail présente de nombreux avantages et améliore la productivité des employés.
Quels sont les bienfaits de la sieste ?
Pourquoi la sieste ne devrait pas durer plus de trente minutes ?
Certaines entreprises proposent des espaces de sieste dans leurs locaux.
Faire la sieste, quels synonymes en français ?

Il est possible d’utiliser les expressions familières suivantes, synonymes de faire la sieste :

  • Faire un somme

→ Il a fait un petit somme avant de repartir.

  • Piquer un roupillon

→ Je vais piquer un petit roupillon cet après-midi.

Sieste garantie !

12. Tomate

Découverte en Amérique du Sud, la tomate est arrivée sur nos terres au XVIᵉ siècle. Le mot désignant ce fruit à la chair rouge ou jaune est issu de l’espagnol « tomate », déformation de l’aztèque « tomatl ».

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On retrouve la première mention du mot tomate en français en 1598 et son officialisation dans la langue française n’est attestée qu’en 1835, le fruit ayant longtemps été nommé tour à tour pomme d’amour (1549), pomme d’or (1672), pomate (1718), tamati (1743) ou encore pomodoro.

Remarque :

La langue italienne est restée plus proche de l’appellation première du fruit avec le terme « pomodoro ».

Jadis considérée comme une plante vénéneuse, la tomate est tout d’abord arrivée en Europe par l’Italie, par l’intermédiaire des conquistadors espagnols, avant de gagner le sud de la France (la Provence notamment).

Elle viendra alors agrémenter petit à petit de nombreux plats typiques de la région (la ratatouille, par exemple), passant du statut de plante ornementale à un produit de consommation aujourd’hui mondialement connu.

Découverte en Amérique du Sud, la « tomate » doit son nom à la langue aztèque, le « nahuatl ».

13. Toréador

Issu de l’espagnol « toreador » et plus particulièrement du verbe « torear » (un dérivé de « toro », le « taureau »), le toréador désigne la « personne combattant les taureaux dans les arènes ».

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« Toréador », « torero », « matador » : quelles différences ?

Le terme toréador a aujourd’hui été supplanté par le mot torero, de sens équivalent. C’est donc ce dernier que l’on retrouve principalement de nos jours. Un matador, quant à lui, désigne le torero chargé de la mise à mort du taureau lors des corridas : le terme est issu du verbe espagnol « matar » (« tuer »).

  • Le matador le plus attendu de la féria sera forfait lundi.
  • Les corridas et leurs toreros sont devenus un sujet de discorde et une tradition controversée.
  • Le toréador, violemment encorné lors du dernier combat, a succombé à ses blessures.
  • De nombreux manifestants ont protesté contre les toreros et la tauromachie à Pampelune.
  • L’habit de torero, nommé habit de lumière ou « traje de luces », désigne le costume traditionnel des toreros : il se caractérise par de nombreuses broderies.

Pour aller plus loin :

La langue française emprunte de nombreux autres termes à d’autres langues comme l’anglais, l’italien, l’allemand, le russe ou l’arabe.