« Choix cornélien » : que veut dire cette expression ?
Plan de l’article :
« Choix cornélien » : qu’est-ce que c’est ?
Vous est-il déjà arrivé d’hésiter entre deux propositions tentantes et de réfléchir maintes et maintes fois avant de vous décider ? Deux desserts appétissants, deux sorties intéressantes ou encore deux offres d’emploi alléchantes ?
Cette hésitation, que l’on connait tous à un moment ou à un autre, prend le nom de choix cornélien.
Mais, que se cache-t-il derrière cette locution nominale très courante en français ?
Un choix cornélien, c’est tout simplement un « choix difficile ou impossible à prendre ». Deux options (donc une alternative) s’offrent à vous et ces dernières sont toutes deux intéressantes si bien que vous ne savez pas laquelle choisir.
Vous voilà alors face à un choix cornélien ou un dilemme cornélien.
Remarque :
En règle générale, un choix cornélien met en opposition deux choix moraux, religieux, politiques ou amoureux. Chaque option présente aussi bien des avantages et des inconvénients, rendant la prise de décision difficile, voire impossible.
Exemples :
Je suis face à un choix cornélien pour le dessert : la tarte aux prunes ou la tarte tatin ?
Léa a obtenu deux admissions aux concours d’entrée de médecine à Lyon et à Bruxelles. Elle ne sait pas quelle proposition accepter. Un véritable choix cornélien !
Quel choix cornélien… Est-ce que je sors avec mes amis ce soir ou est-ce que je reste à la maison pour regarder des séries sur Netflix ?
Remarque :
Au pluriel, l’expression un choix cornélien devient des choix cornéliens.
- Faire la sieste ou continuer à travailler ? Acheter un nouveau téléphone ou un nouvel ordinateur ? Quels choix cornéliens !
Origine du mot « cornélien »
L’adjectif cornélien est dérivé de Pierre Corneille (1606-1684), du nom du célèbre poète et dramaturge français du XVIIᵉ siècle, auteur de nombreuses pièces de théâtre : Le Cid, Horace, L’Illusion comique ou encore Nicomède.
Une grande partie de ses œuvres met en exergue des conflits (amoureux ou moraux, notamment) où les héros tragiques sont confrontés à des choix impossibles à résoudre en raison de leurs valeurs contradictoires.
Le dilemme cornélien le plus significatif de l’œuvre de Corneille se trouve dans la tragi-comédie Le Cid : le personnage principal, Rodrigue, est amoureux de Chimène. Mais un conflit entre les deux familles ennemies vient troubler leur amour. Rodrigue, dont le père a été offensé par son futur beau-père, doit le venger lors d’un duel. Il sait que ce duel se terminera par la mort de l’un d’entre eux : Rodrigue ou le père de Chimène.
Tiraillé entre son amour pour Chimène et son devoir de vengeance, il ne sait quelle décision prendre : se battre et tuer le père de Chimène pour sauver l’honneur de sa famille ou ne pas se rendre à ce duel pour garder sa bien-aimée auprès de lui.
Ce conflit entre les deux familles ennemies et l’amour pur et sincère que porte Rodrigue pour Chimène est la retranscription même de ce que peut être un choix cornélien imposé par le destin : un conflit de valeurs entre les sentiments et la raison ou la morale.
« Choix cornélien » ou « dilemme cornélien » :
Il est également possible d’employer l’expression dilemme cornélien.
- Il était confronté à un dilemme cornélien et ne savait pas quelle option choisir.
« Dantesque », « kafkaïen », « rabelaisien » : ces noms d’écrivains devenus adjectifs
En français (mais aussi dans d’autres langues), il est courant de rencontrer d’autres expressions faisant référence à des auteurs de littérature et à leur univers si caractéristique :
- En espagnol, une décision salomonique (« decision salomónica »), ou jugement de Salomon en français, désigne un choix équitable. Face au conflit de deux femmes revendiquant chacune la maternité d’un enfant, le roi Salomon, régnant sur le royaume d’Israël, aurait décidé de couper l’enfant en deux avec une épée. La véritable mère biologique aurait alors renoncé à son enfant afin de le garder en vie.
- En anglais, l’adjectif « orwellian », également utilisé en français sous la forme orwellien, fait référence à l’auteur britannique George Orwell et à l’univers de ses œuvres. Le terme vient désigner la dictature et la surveillance permanente exercées sur les individus, thématique relatée dans l’ouvrage 1984.
- L’adjectif dantesque, issu du poète italien Dante Alighieri, vient qualifier un monde terrifiant, en référence à son œuvre, la Divine Comédie.
- Kafkaïen renvoie à Franz Kafka, écrivain austro-hongrois de langue allemande du XXᵉ siècle. Son ouvrage La Métamorphose offre une vision cauchemardesque et impersonnelle de l’individu, en proie aux arcanes de la bureaucratie. Un univers digne de Kafka, et donc kafkaïen.
- Épicurien, tiré d’Épicure, philosophe grec dont la doctrine prône une vie de plaisir associée à la modération. Aujourd’hui, le terme épicurien n’est plus utilisé que dans le sens de plaisir et de jouissance, la notion de retenue ayant totalement disparu dans le langage courant.
- Rabelaisien, du nom de François Rabelais, est un adjectif employé en français pour qualifier un univers volontiers grivois, typique de certaines œuvres littéraires de l’auteur.
Exemples d’emploi du mot « cornélien » en français
Les organisateurs ont été confrontés à un choix cornélien : maintenir le triathlon malgré le temps orageux ou le repousser à une date ultérieure.
Les choix s’annoncent cornéliens.
Entre un confinement et un couvre-feu, le choix s’annonce cornélien pour le gouvernement.
Le choix s’est avéré moins cornélien pour départager les candidats au second tour.
« Le choix cornélien de Berlin »
(« Le Monde », article du 19 septembre 2011)
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Synonymes du mot « cornélien »
- Une alternative
- Un choix difficile
- Un conflit intérieur
- Un dilemme