Définition de la synecdoque : une figure de style de l’inclusion
Définition de la « synecdoque » :
La synecdoque est une figure de style consistant à exprimer « le plus pour le moins », « le tout par le moins », « l’espèce par le genre » ou encore « le singulier par un pluriel ».
De fait, on utilise un mot plus général ou plus restreint pour qualifier quelque chose en partant du principe que cette relation entre l’élément et son tout s’avère suffisamment logique pour être comprise.
Exemples :
- Paris criait famine.
= Le peuple de Paris criait famine.
- Il fallait vaincre l’ennemi.
= Il fallait vaincre les ennemis.
Qu’est-ce qu’une « synecdoque » ?
Issue du grec « συνεκδοχή » ou « sunekdokhê » (signifiant « compréhension simultanée »), la synecdoque est une figure de rhétorique, au même titre que la litote ou l’asyndète. Elle consiste à désigner « un élément ou la partie d’une chose pour un tout », « l’espèce par le genre » ou encore « le singulier par le pluriel ».
En général, on parle de trope, soit, comme nous l’indique le dictionnaire Larousse, de « l’emploi d’un mot ou d’une expression dans un sens figuré ».
Compliqué ?
Plus concrètement, cela signifie que l’on utilise un terme spécifique pour désigner un élément général en établissant une relation logique entre les deux éléments.
Exemples :
Des voix s’élevaient pour protester.
C’est un temps à ne pas mettre le nez dehors !
J’ignore le destin d’une tête si chère.
(Racine, « Phèdre »)
Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
(Corneille, « Le Cid »)
Quelques exemples de synecdoques
Comme le décrit le professeur Bernard Meyer dans son article « Synecdoque et tradition », paru dans « Histoire Épistémologie Langage » en 1993, il peut, par exemple, y avoir « synecdoque lorsque la matière dont une chose est faite est mise pour la chose elle-même, par exemple le fer pour le glaive, le pin pour le navire, l’argent pour la monnaie, qui est faite d’argent ».
Sitôt arrivée, elle enleva son manteau en vison.
Les aciers s’entrechoquaient avec violence.
(= Les armes s’entrechoquaient avec violence.)
Martin Fourcade décroche l’argent aux Mondiaux de biathlon
(« Le Monde », article du 5 mars 2011)
= Martin Fourcade décroche la médaille d’argent aux Mondiaux de biathlon
Mais les copains suivaient le sapin, le cœur serré,
En rigolant pour faire semblant de ne pas pleurer.
(Chanson de Georges Brassens, « Le vieux Léon »)
On parle également de phénomène d’ « inclusion » puisque la partie de l’élément est inclue dans le tout, c’est-à-dire l’élément lui-même.
Voici quelques exemples de synecdoques que l’on peut retrouver dans la littérature ou à l’oral :
Phrase | Synecdoque |
L’équipe d’Argentine s’est imposée contre l’équipe de France au terme d’un match rempli de rebondissements. | L’Argentine s’est imposée contre la France au terme d’un match rempli de rebondissements. |
Son pneu a crevé. | Son vélo a crevé. |
Les bateaux à voile étaient de sortie. | Les voiles étaient de sortie. |
Le bateau trois-mâts glissait sur l’eau de manière aérienne. | Le trois-mâts glissait sur l’eau de manière aérienne. |
Tous les habitants du quartier étaient descendus pour protester. | Tout le quartier était descendu pour protester. |
As-tu lu le dernier livre de Lola Lafon ? | As-tu lu le dernier Lola Lafon ? |
Les loups vivent dans les massifs montagneux. | Le loup vit dans les massifs montagneux. |
J’ai acheté un ordinateur portable Mac pour mes études. | J’ai acheté un Mac pour mes études. |
Il travaillait dur pour gagner sa vie. | Il travaillait dur pour gagner son pain. |
Nous avons assisté à une dégustation et bu un vin du château Pape Clément de 2008. | Nous avons assisté à une dégustation et bu un Pape Clément de 2008. |
Le saviez-vous ?
La synecdoque appartient plus particulièrement aux figures de substitution ou de remplacement dont la métonymie et la périphrase font également partie.
Plus précisément, la synecdoque peut être considérée comme un type ou un sous-genre de métonymie, comme nous le verrons plus loin dans cet article.
Quels effets produit une « synecdoque » ?
Si l’on rencontre cette figure de rhétorique assez régulièrement au fil de nos lectures, peu savent, en revanche, pourquoi utiliser ce procédé de style.
Quels effets produit-elle ? Pour quelle(s) raison(s) est-elle utilisée en littérature ?
1. Apporter une touche impressionniste ou lyrique au texte
La synecdoque peut être utilisée en premier lieu en littérature pour donner une envolée lyrique, impressionniste ou un caractère poétique au texte.
C’est la raison pour laquelle elle est volontiers utilisée au théâtre ou dans les romans.
Le fer ne connaîtra ni le sexe ni l’âge.
(Racine, « Esther »)
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
(Victor Hugo, « Les Contemplations »)
Le train cracha un gigantesque panache de fumée et s’éloigna.
2. Mettre en valeur un fragment d’un élément
En isolant un terme spécifique, un élément anatomique du corps, par exemple, la synecdoque permet de déclencher un fort contraste dans le texte ou encore de dramatiser une situation.
Résultat ? La synecdoque déclenche une réaction chez le lecteur : un choc, de la colère, de la tristesse, de la honte, du dégoût ou même de la surprise.
Les visages hurlaient, tordus sous la douleur lancinante.
Des bras se levaient dans la foule, clamant leur colère et leur révolte.
Dans d’autres cas, la synecdoque peut permettre d’isoler un détail pour mieux le mettre en évidence.
On la retrouve souvent dans les gros titres de journaux où elle permet de capter l’attention de manière rapide et concise.
Où s’arrêtera la flambée du prix du blé ? La question est sur toutes les lèvres, alors que le grain doré bat des records historiques jour après jour.
(« Le Monde », article du 14 mars 2022)
Wall Street s’effondre à son tour
(« Le Figaro », article du 4 août 2011)
La mort d’Elizabeth II fragilise la couronne britannique
(« Les Échos », article du 9 septembre 2022)
Coupe du Monde 2022 : Les Bleus salués par des milliers de supporters Place de la Concorde à Paris
(« Le Monde », article du 19 décembre 2022)
3. Rendre les phrases plus concises et plus compréhensibles
Enfin, la synecdoque a pour avantage de raccourcir nettement la phrase et de la rendre beaucoup plus compréhensible lors de la lecture. Un atout indéniable, plus particulièrement lorsque chaque mot compte lors de l’édition d’un article de presse.
Il est ainsi plus facile et plus court d’utiliser, par exemple, la synecdoque Wall Street que les employés et entreprises travaillant dans la rue de Wall Street.
« Synecdoque » ou « métonymie » : quelles différences entre ces deux figures de style ?
La synecdoque est une variante de la métonymie. En ce sens, il peut être difficile de distinguer les deux figures de rhétorique tant les deux procédés sont intimement liés l’un à l’autre.
Alors, comment faire la différence ?
La métonymie vient remplacer un concept par un autre en établissant un lien entre les deux concepts (par exemple, contenant et contenu, cause et effet, etc.). À l’inverse, la synecdoque vient remplacer un tout par un élément de ce tout, par exemple.
Le grammairien César Chesneau Dumarsais explique les différences subtiles des deux figures de style de la manière suivante :
- « La synecdoque est donc une espèce de métonymie, par laquelle on donne une signification particulière à un mot, qui, dans le sens propre, a une signification plus générale ; ou, au contraire, on donne une signification générale à un mot qui, dans le sens propre, n’a qu’une signification particulière. En un mot, dans la métonymie, je prends un nom pour un autre, au lieu que dans la synecdoque je prends le plus pour le moins ou le moins pour le plus ».
Exemple de métonymie :
J’ai bu un verre.
Remarque :
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Pour aller plus loin :
Envie de découvrir plus de figures de style ? Pensez à découvrir nos articles sur les nombreuses figures de rhétorique employées dans la langue français :
- L’allégorie
- L’anacoluthe
- L’antonomase
- L’ellipse
- L’euphémisme
- L’hyperbate
- La paronomase
- La personnification
- Le tautogramme