« À l’aune de » : définition et étymologie
« À l’aune de », qu’en retient-on ?
Cette expression constituée du nom aune est relativement rare en français et principalement employée à l’écrit.
L’aune était jadis une « unité de mesure » utilisée en guise de référence. Cependant, cette unité n’était pas clairement définie et variait en fonction des régions, des villes ou des pays. C’est la raison pour laquelle on employait l’expression mesurer à son aune, c’est-à-dire « en fonction de son propre jugement ».
Aujourd’hui, lorsqu’on parle de la locution à l’aune de, on indique que l’on juge quelque chose « d’après les connaissances et les éléments dont on dispose ».
Exemple :
(« Courrier international », article du 17 octobre 2020)
Définition de l’expression « à l’aune de »
À l’aune de est une expression relativement peu utilisée : sa signification est donc souvent source d’interrogations. Peut-être l’avez-vous déjà rencontrée à l’écrit où elle se fait davantage présente qu’à l’oral.
La locution est composée du nom aune et vient souvent accompagner le verbe mesurer : mesurer à l’aune de. Cette expression est encore couramment employée dans la langue littéraire, contrairement à d’autres expressions plus désuètes.
Mesurer à l’aune de
On mesure une chose à l’aune d’une autre chose, c’est-à-dire en « comparant la première chose à l’aide de la seconde », à titre de référence.
Plus généralement, on « prend quelque chose en considération » ou « en tenant compte de », comme dans les exemples suivants :
Il mesura son exploit à l’aune de son physique d’athlète.
Ne pas mesurer une réforme à l’aune « du nombre de manifestants »
(« Le Figaro », article du 10 septembre 2013)
Cette expression désigne donc un « jugement effectué sur la base des informations dont on dispose ». Il peut s’agir d’un jugement subjectif, soumis à modification et estimé en fonction des éléments ou des critères de jugement de la personne.
Il faut considérer cette décision à l’aune des derniers éléments retenus par notre chef d’entreprise.
Remarque :
Attention à ne pas confondre l’aune et l’aulne, un arbre au bois rougeâtre, ou encore avec « Le Roi des Aulnes », un roman de Michel Tournier !
Enfin, on évitera de confondre à l’aune de avec à l’aube de, signifiant « peu de temps avant ».
Exemple :
Il est décédé à l’aube de ses 87 ans.
=Il est décédé peu de temps avant ses 87 ans.
« À l’aune de » : retour sur une étymologie étonnante
Le mot aune, qui compose la locution à l’aune de, est un terme d’origine germanique, issu du francique « elina » (signifiant « le coude »).
Apparu pour la première fois dans la chanson de geste « La Chanson de Roland », l’aune servait jadis d’unité de mesure. À cette époque, les parties du corps étaient utilisées pour pallier l’absence d’instruments de mesure, et ainsi quantifier certaines quantités. On pense, par exemple, aux mesures en pieds ou en pouces, encore utilisées au Canada ou en Grande-Bretagne.
De fait, les parties du corps, et plus particulièrement les bras ou les pieds, servaient d’étalon et d’unité de comparaison. On pouvait découper les parties du bras en plusieurs segments afin d’obtenir diverses unités de référence : de l’épaule au coude, du coude au poignet ou encore de l’épaule à la main.
Dans ce cas précis, l’aune désignait la partie de l’avant-bras, soit une mesure d’environ un mètre vingt.
On se doute bien évidemment que cette mesure était très approximative en raison de la morphologie de chacun. Fait plus étonnant encore, la mesure de l’aune pouvait également différer en fonction des régions, des pays ou des métiers.
Ainsi, à Paris, une aune équivalait à très exactement 1,188 m alors qu’elle pouvait largement excéder cette mesure dans d’autres régions ou selon les corps de métier.
Avec le temps, l’aune a peu à peu été remplacée par un bâton en bois, utilisé par les commerçants d’étoffes pour mesurer les tissus. L’aune désignait, par métonymie, une « réglette en bois supérieure au mètre », rappelant la longueur du coude des marchands de tissus et facilitant ainsi la découpe des précieuses étoffes.
Puis il la rappela, pour lui montrer trois aunes de guipure qu’il avait trouvées dernièrement dans une vendue.
(Gustave Flaubert, « Madame Bovary »)
Le saviez-vous ?
L’aune, sous forme d’unité de mesure, a été abolie en 1840.
Dans quelles expressions retrouve-t-on « aune » ou « à l’aune de » ?
Aujourd’hui, certaines expressions subsistent, par exemple : long d’une aune, c’est-à-dire « dont la taille mesure une aune ».
Mme Rezeau, qui faisait un nez long d’une aune, n’y tint pas plus d’un quart d’heure.
(Hervé Bazin, « Cri de la chouette »)
L’expression au bout de l’aune vient le drap, originaire du XVIᵉ siècle, est quant à elle utilisée pour désigner que « toutes les choses ont une fin ».
Enfin, on n’oubliera pas de mentionner l’expression mesurer quelque chose à l’aune d’une autre, signifiant « juger par soi-même, en fonction de ses propres critères ».
Comme le décrit très bien le linguiste et lexicographe Alain Rey, cela « revient à les mettre en rapport, à prendre la seconde comme référence pour apprécier la valeur de la première. C’est une manière élégante de dire d’après et, en se penchant sur son histoire, on comprend pourquoi c’est en mesurant. »
Quels synonymes pour remplacer l’expression « à l’aune de » ?
Vous pouvez remplacer l’expression à l’aune de par les locutions suivantes :
- à la mesure de
- à la lumière de
- en considération de
- en prenant pour référence
- en prenant pour critère
- en tenant compte de
- en fonction de
- par rapport à
Exemples :
À la lumière de ces informations, la décision a été prise d’annuler le feu d’artifice prévu ce jour.
Nous allons étudier votre demande en tenant compte de vos remarques.
La fermeture des parcs publics a été décrétée en prenant pour référence la dégradation des conditions climatiques actuelles.
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