9 mots en québécois à connaître absolument
Plan de l’article :
Français standard ou québécois ?
- Bibitte
- Boîte à malle
- Clavardage
- Chum
- Faque
- Frette
- Tabarnak
- Tanné
- Tiguidou
- Mot bonus : divulgâcher
Français standard ou québécois ?
Le français québécois (également nommé français laurentien) est majoritairement parlé au Québec et au Canada. Cette langue très spécifique se rapproche en majeure partie du français classique.
Cependant, en raison des influences de la langue anglaise, américaine et des langues autochtones, elle se caractérise par un vocabulaire canadien typique, teinté d’expressions très originales. Le lexique et la prononciation peuvent ainsi être très différents du français classique pour former des québécismes ou des canadianismes.
Voici notre top 9 des mots les plus courants en québécois, à connaître impérativement avant de partir à la découverte de ce pays fascinant.
1. Bibitte
Une bibitte désigne, en québécois, un « problème ».
À l’origine, le terme bibitte désigne un « insecte », une « bestiole », une « petite bête » et donc, une « bébête ».
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Par extension et de manière métaphorique, il est utilisé en québécois pour parler de tous les petits problèmes personnels que l’on peut rencontrer au quotidien. On peut aussi l’employer au sein de quelques expressions récurrentes comme chercher des bibittes pour « chercher des problèmes » ou être en bébitte pour « être en colère ».
Tu as des bibittes en ce moment ?
Mon collègue a pas mal de bibittes et s’est absenté pour la semaine.
Arrête de chercher des bibittes là où il n’y en a pas.
Élodie est en bébitte depuis ce matin.
Remarque :
On notera quelques variantes orthographiques avec l’existence de bébitte, bébite ou bibite.
2. Boîte à malle
Derrière ce mot bien curieux se cache tout simplement une… « boîte aux lettres » !
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Cette boîte disposée à l’extérieur de la maison permet de déposer le courrier d’une personne. Dans nos messageries électroniques, c’est aussi l’espace réservé à la réception de nos courriels, la traditionnelle « mailbox » en anglais.
À ne pas confondre donc avec une malle, un « grand coffre de rangement, généralement en bois ou en cuir, afin d’y disposer toutes les affaires en vue d’un voyage ».
La boîte à malle est pleine de publicités.
Consulte ta boîte à malle : je t’ai envoyé les documents et les billets d’avion par e-mail.
Les boîtes à malle doivent respecter certaines dimensions et être accessibles par le facteur.
Peux-tu déposer le paquet dans ma boîte à malle en mon absence ?
Le saviez-vous ?
Le pluriel de boîte à malle est : boîtes à malle.
- Les boîtes à malle sont vides.
3. Clavardage
Ce substantif masculin, entré récemment dans les dictionnaires français, est un néologisme (ou mot-valise), c’est-à-dire un « mot créé de toutes pièces ».
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Créé en 1997, le mot clavardage est constitué d’une association des mots clavier et bavardage (mots-valises) et peut être considéré comme un synonyme de l’anglicisme « to chat », « avoir une conversation en ligne ».
Le Trésor de la langue française au Québec (TLFQ) le définit comme une « conversation écrite en temps réel, entre deux internautes ou plus, par clavier et écran interposés ».
Clavier + bavardage = clavardage
Outre le substantif clavardage, il existe le verbe clavarder, que l’on peut employer de la même manière que le verbe français classique tchatter, une francisation de l’anglicisme « chat ».
Il existe de nombreuses plateformes de clavardage pour discuter en ligne avec des personnes.
On pourra clavarder ensemble samedi prochain pour discuter de nouveaux projets que j’ai en tête.
Tchat ou clavardage : est-ce la même chose ?
Le saviez-vous ?
Une personne en train de clavarder est nommée un clavardeur ou une clavardeuse.
4. Chum
À ne pas confondre avec cheum, un mot en verlan signifiant « moche » en français !
Chum est utilisé en français québécois pour désigner un « ami », un « pote » ou un « mec » en général. Cependant, il peut également être utilisé pour désigner son « petit copain » de manière informelle (l’équivalent de « blonde », pour « petite copine » en québécois).
Pas toujours facile de faire la différence dans une conversation, donc !
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D’un point de vue linguistique, ce terme est supposé être une apocope des mots anglais « chamber mate » ou « chamber fellow », c’est-à-dire un « colocataire » (ou « coloc »).
Je te présente mon chum.
Mon chum et moi, on va se marier l’année prochaine.
Je suis avec mon nouveau chum depuis 3 mois.
Jade est sortie avec ses chums pour fêter son anniversaire.
Mes chums m’attendent en ville pour aller boire un verre.
Le nouveau chum de ma mère est plutôt cool.
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5. Faque
Autre mot très courant en québécois, faque, que l’on retrouve également orthographié fak, est utilisé comme synonyme de donc, en fait, alors ou du très impopulaire du coup.
Comme les autres connecteurs logiques cités précédemment, faque permet d’établir une relation explicite de cause à effet. Il est employé dans tous les types de discours informels, à l’oral comme à l’écrit.
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Faque là, on est obligé de rester dans le métro à attendre.
Je l’ai attendu toute la soirée, faque je vais me coucher.
Mon petit frère joue beaucoup aux jeux vidéos ces derniers temps, fak il manque d’entraînement pendant les séances de sport.
Je me suis fait ghoster, faque j’ai plus de nouvelles.
Le saviez-vous ?
Faque est une déformation et contraction de la locution ça fait que ou ça fait en sorte que, sous forme d’aphérèse.
6. Frette
L’expression frette est couramment utilisée pour désigner un « froid mordant, très intense ».
Étymologiquement parlant, ce terme est issu du latin « frigidus » (« froid ») et de l’ancien français « freid » dont il a, en partie, repris la graphie en l’adaptant à la prononciation canadienne.
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« Il fait frette », « ça caille », « on se gèle » : petit tour des expressions courantes
En français classique, pensez aux nombreuses expressions informelles équivalentes à il fait frette :
- Faire un froid de canard
- Se cailler
- Se geler
- Se peler
Quelques exemples d’emploi de l’expression il fait frette :
Il fait frette aujourd’hui !
La nuit a été éprouvante, car il a fait frette.
Il fait trop frette pour aller dehors.
Mon Dieu, qu’il fait frette…
Attention !
En français classique, une frette est une « tige métallique disposée sur la touche de certains instruments à cordes, comme la guitare ».
7. Tabarnak
Peut-être l’un des mots les plus connus en québécois !
Sous ses airs plutôt mignons, tabarnak cache un juron aux origines très étonnantes. Il est, en effet, apparenté au « tabernacle », un meuble d’église installé sur l’autel permettant de recevoir le ciboire (un « vase sacré ») où se trouvent les hosties.
S’il n’y a définitivement aucun lien entre les deux termes, il est cependant courant de retrouver des termes religieux dans une grande majorité des jurons. C’est d’ailleurs le cas des jurons ciboire et osti.
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Remarque :
Les variantes orthographiques tabarnaque et tabarnac sont correctes.
Synonyme de bon sang en langue courante ou du très péjoratif putain en français standard, tabarnak est un mot vulgaire, que l’on prononce lorsque l’on est énervé, frustré ou en colère.
Dans certains cas, il peut aussi marquer la surprise ou l’étonnement ou encore être utilisé sous forme de nom. En raison de son caractère familier offensant, nous vous recommandons de ne pas l’employer dans vos communications formelles écrites ou orales.
Toutefois, il est courant de voir certaines variantes de tabarnak comme tabarouette, tabarnouche, taboire ou tabarnane, utilisées pour adoucir le côté vulgaire et péjoratif de l’interjection.
Tabarnak, quelle surprise de te voir ici !
Tu m’as trop manqué, tabarnak.
Quel tabarnak, ce type !
Ça me gonfle, tabarnak.
Tabarnouche, où est-ce que tu étais ? Je t’ai cherchée tout l’après-midi !
Je commence vraiment à en avoir plein le dos, tabarouette.
Le saviez-vous ?
Être en tabarnak ou être en beau tabarnak signifie « être en colère ».
- Ma mère était en tabarnak ce soir parce que j’ai eu une mauvaise note en maths.
- Mon père est en beau tabarnak depuis que mon frère a eu un accident avec sa voiture.
8. Tanné
Vous avez attendu en vain un ami qui n’est finalement pas venu, passé votre fin d’après-midi bloqué dans les bouchons ou encore essayé, sans succès, de refaire la recette soi-disant trop facile de votre belle-mère adorée ?
Bref, vous êtes littéralement tanné.
Comme vous l’avez sûrement deviné, cet adjectif est souvent employé de manière informelle pour témoigner de son exaspération : être tanné, c’est donc « en avoir assez » et de ce fait, en langue courante, « en avoir marre » ou en « en avoir ras le bol ».
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Je suis tanné de rester à la maison à ne rien faire !
Mon pote est bien tanné de manquer le concert de Maroon 5.
Mes nouveaux colocataires étaient tannés de chercher un appartement à Paris.
Sérieusement, je suis vraiment tannée de devoir l’attendre : il est toujours en retard !
Je suis tanné de faire le trajet aller-retour tous les jours.
Pour aller plus loin :
En français standard, on peut utiliser l’expression tanner quelqu’un pour désigner l’action de le « harceler », de l’« importuner ».
- Je l’ai tanné pour qu’il me donne les clés de sa voiture.
- Elle m’a tanné toute la journée pour qu’on aille voir le dernier film avec Harrison Ford.
À ne pas confondre avec le sens premier de l’adjectif tanné, participe du verbe tanner, qui signifie « traiter une peau pour en faire du cuir » ou « donner une teinte hâlée à la peau » !
- Le cuir végétal est tanné à partir de tannins végétaux pour lui donner un aspect semblable à celui du cuir animal.
- Sa peau était tannée, brunie par le soleil.
9. Tiguidou
On l’entend partout au Québec, car tiguidou signifie tout simplement… « d’accord » !
En fonction du contexte, cette interjection, parfois orthographiée tigidou, peut aussi être employée pour exprimer son enthousiasme : elle prend alors la signification de super, génial ou merveilleux.
Enfin, il faut savoir que tiguidou est fréquemment utilisé pour clore une conversation : il peut être considéré comme une forme familière et amicale de la locution au revoir.
Une expression très versatile, mais toujours employée dans un sens positif !
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C’est tiguidou, je vais pouvoir aller au festival des Francofolies cet été !
Je suis tiguidou avec toi, il va vraiment falloir que je change de téléphone.
Les papiers sont signés, tout est tiguidou.
— Je passe te prendre en voiture à huit heures ?
— Tiguidou !
D’un point de vue étymologique, l’origine de tiguidou reste inconnue, même si certains linguistes émettent l’idée qu’il pourrait être apparenté à l’anglais « jig » (« gabarit ») et « do » (« faire »). Plusieurs autres hypothèses sont également suggérées, sans que l’on puisse en vérifier la véracité : un lien avec l’expression écossaise « tickety-boo » ou encore une déformation de l’interjection « hot diggity dog », traduisant la surprise ou la satisfaction.
Quelques synonymes de « tiguidou » en français standard :
- Ça marche !
- Ça roule !
- C’est bon !
- C’est d’accord !
- C’est impec !
- C’est OK !
- C’est parfait !
- C’est réglé !
- C’est super !
- Pas de souci !
- Pas de problème !
10. Mot bonus : divulgâcher
Divulgâcher est un mot-valise ou néologisme créé de toutes pièces. Très apprécié outre-Atlantique, il s’est peu à peu imposé en France, à l’oral, mais aussi à l’écrit puisqu’il a récemment intégré Le Petit Larousse illustré.
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Composé de la contraction des verbes français divulguer et gâcher, divulgâcher est un synonyme de l’anglicisme « spoiler » et signifie « dévoiler le dénouement d’une intrigue » ou un élément clé d’une œuvre (film, histoire, série, etc.).
En bref, toute révélation inattendue qui peut vexer une personne et gâcher son plaisir à la lecture d’un livre ou lorsqu’elle s’apprête à voir sa série préférée…
Divulguer + gâcher = divulgâcher
Ne me divulgâche pas la fin du livre !
Il n’a pas résisté à l’envie de lui divulgâcher la fin de la toute nouvelle série diffusée sur Netflix.
Cet article de presse nous divulgâche les nouveaux mots 2024 de la langue française.
L’info a été divulgâchée hier.
« Spoiler », un anglicisme presque français !
L’anglicisme « spoiler » est en réalité issu de l’ancien français « espoillier » et du latin « spoliare ».
Comme on l’apprend dans une annotation de l’Académie française du 9 septembre 2014, « le verbe “spoiler”, croisement bâtard entre l’anglais, par son radical, et le français, par sa terminaison, se rencontre aujourd’hui avec le sens de “gâcher le plaisir”, en parlant d’une personne à qui l’on dévoile la fin d’un film, ou les moments les plus intéressants de celui-ci. L’usage de ce terme se répand fâcheusement aujourd’hui, et d’autant plus rapidement que le nombre de séries anglo-américaines diffusées sur nos chaînes, dans lesquelles l’art du suspense est l’un des ressorts essentiels, ne cesse de croître ».