Top 11 des mots argotiques et populaires pour parler d’argent
Plan de l’article :
Rends l’argent, le pognon, l’oseille ! – Petit florilège des mots d’argot
« Fric », « flouse », « thune », « pépettes » : l’argent a toujours fait inévitablement partie des échanges commerciaux. C’est la raison pour laquelle son usage matériel se prête particulièrement bien à un grand nombre de modelages linguistiques, le plus souvent dans la langue populaire.
Aussi, le français n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de montrer une grande créativité dans la formation de néologismes, c’est-à-dire des mots nouveaux créés au gré des échanges, des flux migratoires ou des parlers locaux. C’est pourquoi l’on retrouve, parfois, des origines latines, grecques ou arabes dans certains termes, témoins des migrations géographiques et des transformations linguistiques.
Voici notre top 11 des synonymes et des expressions les plus originales et les plus drôles du mot argent en français.
Remarque :
Les termes présentés dans cette liste sont classés par ordre alphabétique. Ils sont tous familiers et relèvent, en fonction des termes et du contexte, de l’argot ou du langage populaire.
Certains peuvent être considérés comme vulgaires. Par conséquent, ils ne doivent pas être employés dans vos communications formelles.
1. Blé
Un terme plus ancien qu’il n’y paraît puisque le mot blé, utilisé en premier lieu pour désigner une céréale cultivée pour ses graines, était employé au Moyen Âge pour désigner l’argent de manière argotique.
Le blé étant une céréale onéreuse à l’époque, c’est ce nom qui a été aussi utilisé, par métaphore, pour désigner l’argent ou quelqu’un qui a beaucoup d’argent. À l’inverse, on emploiera l’expression être fauché comme les blés pour indiquer que l’on n’a plus d’argent.
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On s’est fait pas mal de blé cet été en travaillant comme serveurs.
Mon patron est plein de blé.
Laisse tomber, je suis fauché comme les blés, je ne vais pas pouvoir venir avec toi ce soir.
Par ici la monnaie ! Allez, allez, du blé !
(Réplique du film « Les Visiteurs »)
Remarque :
Avoir plein de blé, c’est aussi « être plein aux as ».
- Il est plein aux as depuis qu’il a des actions boursières.
2. Flouze
Également orthographié flouse, ce terme argotique est apparu au XVIIᵉ siècle.
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Flouze est directement apparenté au mot « felours », une ancienne monnaie marocaine en bronze, en cuivre ou en argent, et au terme latin « follis », désignant une pièce de bronze romaine.
L’utilisation d’un mot argotique apparenté à une autre langue pourrait témoigner de la volonté de ne pas se faire comprendre au moyen de termes ou de communications indéchiffrables, comme le louchebem.
Où est le flouze ?
Il voulait se faire un peu de flouse en travaillant comme plongeur.
File-moi un peu de flouse !
3. Fric
L’origine du mot fric est peu claire, comme nous l’indique le Trésor de la Langue Française.
Il s’agirait d’une apocope du mot « fricot » (traduction de « bombance », « régal »), ce qui nécessiterait d’avoir beaucoup d’argent pour pouvoir participer aux festivités.
Une autre hypothèse émet la possibilité d’une relation avec le verbe français fricoter signifiant « manigancer », « être dans des affaires louches » quand une autre source évoque, quant à elle, une ressemblance avec le substantif masculin « fricandeau », un terme utilisé pour désigner un « ragoût de viande » fricassé.
Le mystère demeure !
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Donne-moi un peu de fric, je suis à sec.
Il s’est fait un joli paquet de fric ces derniers temps, ce qui lui a permis d’acheter une nouvelle voiture.
Ces nouveaux radars sont une pompe à fric !
Remarque :
« Être friqué », c’est « avoir beaucoup d’argent ».
- Ce type est friqué, tu ne t’imagines même pas !
Le fric, c’est chic ?
Sûrement avez-vous déjà pensé aux paroles de cette célèbre chanson du groupe disco Chic. Alors, une ode aux pépettes ? Tout faux, puisque la chanson s’intitule « Freak », soit, « le freak, c’est chic » !
4. Grizbi
Également orthographié grisbi, ce terme serait issu du mot griset, une « pièce de six liards » au XVIIᵉ siècle, lui-même un dérivé de l’adjectif gris, en raison de la couleur sombre et sale que prenaient les pièces de monnaie au fil du temps.
Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) ajoute que le suffixe « -bi » pourrait lui avoir été ajouté pour former le terme argotique grisbi, à partir du mot « nerbi » (« très noir »), formant « un composé tautologique de gris et bis ».
Une autre hypothèse précise que grisbi pourrait venir de l’argot français « crisby ».
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On va se faire un peu de grisbi en travaillant cet été à la plage.
Le saviez-vous ?
Le mot grisbi a été popularisé avec la parution du roman policier Touchez pas au grisbi ! d’Albert Simonin.
Le saviez-vous ?
Jadis, grisbi était orthographié grisbis.
5. Oseille
Il s’agit d’une dénomination similaire au blé, mais dont l’origine reste plus obscure.
On la retrouve pour la première fois sous la plume de l’auteur Louis-Ferdinand Céline en 1936 dans son ouvrage Mort à crédit, sans pour autant pouvoir remonter à une étymologie plus détaillée.
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Il s’est fait plein d’oseille avec son job d’étudiant.
File-moi de l’oseille !
Remarque :
Il existe une forme verlanisée, zeyo ou seillo.
6. Pépettes
Le mot pépettes est un terme régional, issu du poitevin ou saintongeais « supete », désignant un petit galet de forme plate utilisé pour faire des ricochets et présentant une forme semblable à une pièce de monnaie.
Le terme est apparu au XVIIIᵉ siècle.
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J’ai dépensé toutes mes pépettes dans ce nouveau lave-linge.
Le saviez-vous ?
L’expression avoir les pépettes signifie « avoir peur » dans la langue courante.
- Il n’est finalement pas venu à l’escalade parce qu’il avait les pépettes.
7. Pèze
Ce terme que l’on a vu apparaître pour la première fois au XIXᵉ siècle peut aussi être orthographié pèse. En effet, on pense qu’il pourrait être apparenté au verbe français « peser ».
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Une autre hypothèse émet l’idée d’une parenté avec l’occitan « pese » signifiant « petit pois » ou le breton « Pezh » (« monnaie »).
Rien à voir donc avec les fameux petits bonbons Pez, originaires d’une confiserie autrichienne !
On va gagner du pèze avec ce nouveau taf.
8. Pognon
Le mot familier pognon est issu du verbe poigner (« saisir de la main ») auquel a été rajouté le suffixe « -on ».
Peut-être une allusion au fait que l’on saisit l’argent avec ses mains ou encore que l’argent soit quelque chose de palpable ?
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Parler de pognon est assez tabou.
T’as du pognon ?
Il s’est mis à dealer pour se faire un peu de pognon.
Dans la vie, on partage toujours les emmerdes, jamais le pognon.
(Citation de l’écrivain Michel Audiard)
Remarque :
Le verbe poigner a donné le substantif féminin la pogne, désignant la « main ». Il est apparu pour la première fois au XIXᵉ siècle.
9. Radis
Radis est utilisé de manière métaphorique puisqu’il s’agit d’un petit légume particulièrement bon marché. On l’emploie le plus souvent de manière négative : ne pas avoir un radis, et donc, être sans le sou.
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Ça vaut pas un radis, ce truc !
Prête-moi un peu d’argent, je n’ai pas un radis.
Mais, d’où nous vient cette expression ?
Plusieurs hypothèses se dégagent. L’une d’entre elles indique que les radis étaient des légumes peu valeureux. Dire à quelqu’un qu’on ne lui donnerait pas un radis signifiait donc qu’on ne lui donnerait « strictement rien », pas même quelque chose de bon marché.
Autre supposition : des radis étaient jadis placés sur la table des bistros en guise d’apéritif (les fameuses cacahouètes ou olives vertes d’aujourd’hui !) et auraient incité les clients à consommer en raison de leur piquant et de la soif qu’ils provoquaient.
10. Rond
Ce terme argotique pour désigner l’argent serait tout simplement issu de l’adjectif rond faisant référence à la forme circulaire des pièces de monnaie ou à la forme ronde du « zéro ».
Il est fréquemment employé dans une tournure de phrase négative.
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Je n’ai plus un rond.
11. Thune
Aussi orthographié tune, le terme est apparu au XVIIᵉ siècle et vient du latin « tutina », « ce qui protège ». Il est également apparenté au « roi de Thunes » (ou « grand Coësre »), le roi des argotiers et patron des mendiants dans la Cour des Miracles de Paris, chargé de percevoir les taxes.
Le mot thune était alors synonyme d’aumône en 1628. Par la suite, le terme a désigné une « pièce de cinq francs ».
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Thune est un mot courant, que l’on retrouve dans beaucoup de communications informelles.
Elle a dépensé toute sa thune dans des sacs à main et des paires de chaussures.
Je n’ai pas assez de thune pour m’acheter un nouvel ordinateur.
Attends-moi, il faut que j’aille retirer de la thune à la banque.
Le saviez-vous ?
En verlan, la thune se dit neuthu.
Synonymes d’« argent » dans la langue familière : 6 mots bonus à découvrir
1. Balles
Uniquement utilisé au pluriel et précédé d’un montant, le terme balles est particulièrement prisé dans la langue familière.
Nul doute que vous l’avez employé en cas de galère et lorsque quelqu’un devait vous dépanner d’un peu d’argent !
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Balles a fait son apparition en 1655 déjà et désignait « une livre ». Côté étymologie, les origines de ce mot sont, là encore, peu claires. Le terme pourrait référer à la forme ronde d’une balle et être associé de manière métaphorique à la forme circulaire des pièces de monnaie.
Enfin, balle pourrait encore évoquer les ballots ou balle (terme que l’on retrouve dans une balle de foin, par exemple) pour désigner « un paquet ».
J’ai payé plus de 200 balles pour venir ici.
Il me reste que dix balles dans le porte-monnaie.
Il est vraiment relou, lui, avec son humour à deux balles.
Hé, camarade, t’as pas cent balles ?
(Réplique de Coluche, sketch de 1977)
2. Biftons
Biftons ou biffetons est utilisé pour désigner plus particulièrement les billets.
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Comme l’indique la linguiste Aurore Vincenti dans son recueil Les mots du bitume, le nom biftons est tiré de l’ancien français « biffe » (la graphie « biff » étant acceptée elle aussi) désignant un « tissu à rayures ».
Au XIXᵉ siècle, les prisonniers habillés de vêtements à rayures auraient assimilé, de manière argotique, les billets à ce morceau de tissu fin.
Notre astuce :
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3. Kopeck
Ce terme est issu du russe « копейка » (« kopeïka ») et désigne une pièce de monnaie russe : le kopeck est une pièce ayant très peu de valeur, que l’on pourrait comparer au centime.
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Ce mot est généralement employé de manière négative, voire dédaigneuse, pour désigner un objet de faible valeur, là encore en référence à cette pièce de monnaie bon marché.
J’ai pas un kopeck.
Ça vaut pas un kopeck, ton truc !
Remarque :
Il existe de nombreuses variantes orthographiques : copeck, copek ou encore kopek.
4. Moula
Également nommé mula ou moulaga, ce terme de genre féminin est directement issu de l’argot ou slang américain « moola » qui serait apparu en 1936.
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Synonyme de « cash », le mot, profondément ancré dans la culture urbaine, reste relativement récent en français puisqu’apparu au XXIᵉ siècle, plus précisément dans un clip de musique du rappeur Akhenaton en 1995.
L’anglicisme « moula » est-il reconnu par les dictionnaires français ?
Ce néologisme relativement prisé des adolescents n’est pas encore reconnu par les dictionnaires français.
5. Patate
Une patate équivaut à une brique, c’est-à-dire « 1 million d’anciens francs » ou « 1 000 euros ».
Une somme non négligeable !
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On lui doit la notoriété aux Inconnus, un groupe d’humoristes français, dont la réplique, clamée par Didier Bourdon, reste à jamais dans nos esprits :
— Votre colin, avec ou sans patates ?
— Cent patates !
(Réplique du film « Les trois frères » des « Inconnus »)
6. Picaillons
L’Académie française et le Dictionnaire Vivant de la Langue Française attribuent au mot picaillons une origine méridionale (« picaioun ») et un lien de parenté avec une monnaie savoyarde datant de 1635.
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Remarque :
En version abrégée, il est courant de dire pics pour picaillons.
Le terme pourrait également être issu de l’ancien français « piquar », signifiant « sonner », « tinter » ou « convoquer au son de cloche », bruit que ferait la petite monnaie dans nos mains ou dans nos poches lorsqu’elles s’entrechoquent.
Par métonymie, avoir des picaillons, c’est donc, « avoir de l’argent ».
Je n’ai plus un picaillon.
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Billes, mitraille, boules, magot, fraîche, caillasse, lové, maille, beurre, les formes en verlan genar, némo, iassca : le lexique et les synonymes du mot argent sont presque sans fin, en fonction des régions et des générations.