Qu’est-ce qu’un néologisme ?

Définition du « néologisme » :

Mot nouveau ou apparu récemment, venant supplanter un terme existant ou, parfois, inexistant.

  • Dormioter pour « somnoler »

(Jean Giono)

Un néologisme peut également apporter un nouveau sens à un mot déjà existant.

  • Une souris pour désigner un animal ou le boîtier manuel relié à l’ordinateur afin d’en avoir le contrôle à l’écran.


Le « néologisme », qu’est-ce que c’est ?

Le terme néologisme est issu du grec ancien « νέος » (« néos », signifiant « nouveau ») et « λόγος » (soit « lógos », la « parole »). Il désigne l’« apparition de mots nouveaux dans une langue, soit par emprunt lexical, soit par création totale d’un mot nouveau ».

On peut aussi parler de néosémie lorsqu’un mot, déjà existant, est attribué à un autre objet, prenant une nouvelle signification. C’est le cas, par exemple, du mot souris, qui, en premier lieu, désigne un « petit rongeur », et, en second lieu, le « dispositif manuel relié à l’ordinateur ».

Le néologisme est-il incorrect et peut-il être considéré comme une faute en français ?

Un mot est considéré comme un néologisme lorsqu’il s’est imposé dans le temps. Il n’est donc pas employé une seule et unique fois, mais revient régulièrement à l’écrit ou à l’oral.

À titre d’exemple, on peut mentionner le mot abracadabrantesque, créé par l’écrivain et poète Arthur Rimbaud dans son poème Le cœur volé, puis repris et remis au goût du jour par le président Jacques Chirac lors d’un discours politique en 2000. Ou encore aux mouvements picturaux du « surréalisme » (inventé en 1917 par Apollinaire) et de l’« impressionnisme », tiré de la toile Impression, soleil levant de Claude Monet.

Plus récemment, les changements socioculturels ainsi que la sphère politique ont favorisé l’apparition de nombreux néologismes : en témoigne la célèbre bravitude, ce « sentiment de bravoure et de plénitude » évoqué par la candidate Ségolène Royal lors de la campagne électorale de 2007.

Remarque :

Les néologismes sont également très présents dans la littérature contemporaine, sous la plume de nombreux auteurs.

  • De retour au Palace, Lev put immédiatement se rendre compte du réalisme de sa nouvelle identité : les employés n’y virent que du feu et le saluèrent avec déférence. Lev s’amusa à leur témoigner un mépris tarnogolesque.

(Joël Dicker, « L’Énigme de la chambre 622 »)

Pourquoi crée-t-on des mots nouveaux ou détournés ?

Un néologisme peut être créé pour résoudre un manque lexical : le mot n’existait pas auparavant et a été construit pour répondre à un besoin de formulation.

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Cependant, de nombreux néologismes existent tout en ayant un équivalent en français. Alors, pourquoi sont-ils créés ?

Vaste question !

La langue est une entité mouvante et dynamique, forgée par les civilisations au fil du temps. Son emploi au quotidien signifie donc qu’elle est soumise à de nombreux changements, en fonction des populations, des cultures et, parfois même, des tendances actuelles (les fameux effets de mode !).

C’est la raison pour laquelle on voit très régulièrement apparaître des mots nouveaux que les dictionnaires intègrent à la fin de l’année dans le cadre de leur officialisation. D’autres, au contraire, tombent en désuétude au profit d’autres termes plus usités par la majorité de la population : vélocipède tombé dans l’oubli et remplacé par vélo, avion au profit d’aéroplane ou encore bicyclette remplaçant bicycle.

Le saviez-vous ?

Le correcteur orthographique LanguageTool est régulièrement mis à jour afin d’intégrer ces nouveaux mots dans ses répertoires.

Parfois, au contraire, un mot est créé dans le but de combler une lacune : l’absence d’un mot pour qualifier une réalité nouvelle ou une nouvelle technologie à la mode nécessite de créer un nouveau terme afin de pouvoir la nommer.

C’est la raison pour laquelle on retrouve de nombreux mots se terminant, par exemple, par les suffixes « -tique », « -at » ou encore « -cide », comme nous l’indique le grammairien Jean-Loup Chiflet dans son ouvrage Oxymore, mon amour ! :

Monétique
Productique
Vedettariat
Tzaricide
Ozonicide
Remarque :

Il existe un très grand nombre de néologismes dans le domaine informatique, un milieu propre aux changements avec l’arrivée des nouvelles technologies.

On pense, par exemple, aux termes cédérom, dévédé, e-commerce, baladeur, courriel, logiciel ou encore phablette (contraction de smartphone et tablette).


Comment créer un néologisme ?

Il existe plusieurs grands types de néologismes en français, c’est-à-dire plusieurs manières de former un mot nouveau.

En voici quelques-uns :

1. Formation d’un néologisme par abréviation

Ce néologisme (créé à partir d’un mot existant) permet de former une apocope ou une aphérèse.

Bus (pour autobus)
Hélico (pour hélicoptère)

2. Formation d’un néologisme par acronymie

Dans ce cas précis, le néologisme est constitué d’initiales prononcées sous forme de mot, formant un acronyme.

Cédérom (issu de l’acronyme CD-ROM)
Dévédé (pour DVD)

3. Formation d’un néologisme avec un mot-valise

Les mots-valises sont le résultat de la contraction de plusieurs mots lexicalisés : généralement, on fusionne deux mots pour en former un seul qui constituera le néologisme.

Courriel (fusion des mots courrier et électronique)
Le saviez-vous ?

Les mots-valises sont aussi nommés mots-tiroirs.

4. Formation d’un néologisme par emprunt lexical ou par dérivation (anglicisme)

Ce type de néologisme est très courant en français, car de nombreux mots anglais se sont imposés dans la vie courante et ont supplanté certains termes français.

Parking
Week-end
Shopping

5. Formation d’un néologisme par affixation

Ce type de mot nouveau se caractérise par l’ajout d’un préfixe ou d’un suffixe devant ou derrière le radical du mot afin d’en former un nouveau.

Minijupe
Autocar

6. Formation d’un néologisme à partir d’un nom propre

Dans ce cas présent, un nom propre est utilisé pour créer un mot nouveau.

La Macronie (« politique et ensemble des mesures mises en œuvre sous la présidence d’Emmanuel Macron »)
Le Sarkozysme (« politique et ensemble des mesures mises en œuvre sous la présidence de Nicolas Sarkozy »)
Il existe une multitude de procédés de création d’un néologisme !

Quels néologismes doit-on absolument éviter en français ?

Chaque année apportant son lot de nouveaux termes français, créés au gré des tendances, il nous est impossible de tous les lister ici.

En voici quelques-uns, plus ou moins courants :

Néologisme Terme à privilégier
Occasionner Causer
  • La grêle a causé beaucoup de dégâts dans les vignobles du Bordelais.
Solutionner Résoudre
  • C’est un problème à résoudre rapidement.
Suite à Comme suite à, en réponse à, pour faire suite à
  • En réponse à votre e-mail du 14 novembre, je me permets de revenir vers vous concernant la demande d’entretien prévue ce jeudi 17 novembre.
Lister Énumérer
  • Veuillez énumérer ci-dessous les différents critères de sélection des participants.

Quelques exemples de néologismes dans la littérature française

Les écrivains sont friands de néologismes, s’affranchissant des règles orthographiques pour laisser libre cours à leur imagination et créer de nouveaux mots.

En voici quelques-uns :

Néologisme Signification
Agoraphilie Néologisme créé par Erik Orsenna dans son ouvrage L’Exposition coloniale : il désigne l’« amour de la foule », par opposition à l’« agoraphobie ».
Allélouyer Néologisme de l’écrivain Julien Green, signifiant « proclamer des alléluias ».
Carpasson Créé par Yann Queffélec, ce mot-valise est une contraction des mots « carpette » et « paillasson ».
Cataractant Désigne une « mer tumultueuse », selon l’écrivain Julien Gracq.
Centagénaire Identique au mot « centenaire », ce mot a été inventé par Eugène Ionesco, sur le modèle de « quadragénaire » et « quinquagénaire ».
Dormioter Créé par Jean Giono, ce mot-valise est un synonyme de « somnoler » ou « faire la sieste ».
Festivant Synonyme de « vacancier », ce néologisme a été inventé par l’écrivain et poète Blaise Cendrars.
Franglais Parlez-vous franglais ? est le titre d’un ouvrage de René Étiemble publié en 1964, dont le terme « franglais » est un néologisme, contraction de « français » et « anglais ».
Joconder C’est-à-dire « sourire comme la Joconde, de manière énigmatique et, peut-être, un peu mièvre ». Le néologisme est apparu sous la plume de l’écrivain Henry Troyat.
Matrimoine Le Matrimoine est le titre d’un ouvrage d’Hervé Bazin, publié en 1967, forme féminine du mot patrimoine.
Mimosé Créé par le poète français Saint-John Perse, cet adjectif est un dérivé du nom « mimosa ».
Paperole Néologisme de Marcel Proust, dérivé de « papier ».
Touchatouisme L’écrivain Jean Cocteau crée ce néologisme, dérivé du nom touche-à-tout.
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Comment éviter les néologismes en français ?

Si les néologismes sont corrects sous la plume de grands écrivains, ils sont cependant considérés comme fautifs dans nos écrits académiques et professionnels (lettres de motivation, dissertations, commentaires de textes, essais, etc.).

Il est donc impératif de bien les connaître (et de les reconnaître) dans nos communications écrites afin de les éviter !

L’utilisation du correcteur gratuit LanguageTool peut vous aider à détecter les néologismes. Grâce à son code couleur très simple, vous pouvez voir en un clin d’œil quelles erreurs doivent impérativement être corrigées et quelles améliorations sont envisageables afin de perfectionner votre texte.

« Barbarisme », « néologisme » ou « solécisme » ?

Attention à ne pas confondre ces trois fautes de langage !

Le barbarisme consiste à utiliser un mot en le déformant de manière incorrecte.

  • Un dilemne au lieu d’écrire un dilemme.

Le solécisme consiste, quant à lui, à faire une faute au niveau de la syntaxe de la phrase.

  • Je travaille sur Lyon.