Au chapitre des figures de style, il est un art qui consiste à dépeindre une idée abstraite sous les traits d’un objet ou d’une personne concrète. C’est là une façon très efficace et évocatrice de donner plus de puissance à l’idée que l’on souhaite défendre.
Cette technique porte un nom : c’est l’allégorie !
Plan de l’article :
Préambule : l’allégorie de la caverne
Elle est au centre des apprentissages de tous les lycéens qui bûchent pour l’épreuve de philosophie au baccalauréat, et même plus encore : l’allégorie de la caverne nous vient du philosophe antique Platon.
Remarque
On rencontre souvent la dénomination longue Allégorie de la caverne de Platon dans les textes.
S’inspirant des préceptes transmis par son maître Socrate et des mythes antérieurs empruntant aux pythagoriciens (du nom du philosophe Pythagore, celui-là même à l’origine du fameux théorème mathématique…), l’allégorie de la caverne est expliquée dans le Livre VII de La République.
Dans cet ouvrage, Platon expose longuement ses arguments en faveur de l’établissement d’une République comme régime politique idéal. Ce faisant, il défend l’idée que la justice, la vertu et la connaissance éclairée doivent être au cœur des relations qui lient les citoyens de la République telle qu’il la conçoit.
Dans le cadre d’un dialogue avec son disciple Glaucon, Platon entame le récit d’une histoire : celle d’un homme qui quitte l’endroit clos dans lequel il a vécu toute son existence pour accéder à un monde plus vaste.
L’allégorie de la caverne : résumé
L’allégorie de la caverne s’appuie sur la situation initiale suivante : des hommes sont retenus prisonniers dans le fond d’une caverne depuis leur naissance. Enchaînés et dans l’impossibilité de bouger leurs membres, ils tournent le dos à l’entrée et ne peuvent voir que la paroi intérieure de la grotte face à eux.
Dans leur dos, d’autres hommes (libres ceux-là, mais cachés) manipulent régulièrement des objets devant un feu afin de projeter des ombres sur la paroi visible par les captifs. Ces prisonniers, puisqu’ils n’ont jamais rien connu d’autre, pensent que la réalité des hommes, et donc la leur, se limite à cette vie et à ce panorama.
Un jour, l’un des prisonniers est libéré et on le pousse vers l’extérieur. La lumière du soleil l’éblouit et le rend douloureusement aveugle pour un moment. Cependant, lorsqu’il recouvre enfin la vue à force d’exposition, il prend peu à peu conscience de la matérialité des objets, de la beauté de la nature et de l’étendue du monde. Ainsi, la vérité s’impose à lui : la vie dans la caverne, celle qu’il a toujours connue avant ça, n’est qu’une illusion…
L’homme souhaite retourner apprendre à ses camarades ce qu’il sait et leur décrire ce qu’il a vu. Mais ceux-ci, n’ayant toujours qu’une vision restreinte de ce que sont le monde et la vie, n’en croient absolument pas un mot. Pire, ils le moquent et refusent d’être libérés.
L’allégorie de la caverne vise à nous montrer que si nous nous contentons d’une vision réduite sur le monde, nous ne le verrons jamais qu’à travers un prisme restreint et biaisé, ce qui nous prive de nombreux savoirs. Ainsi, pour accéder à la connaissance profonde, il est nécessaire de dépasser les apparences et notre éducation initiale.
La moralité est la suivante : il n’est pas toujours aisé de remettre ses croyances en cause (dans l’allégorie de la caverne, cela est incarné par l’aveuglement et la douleur physique ressentis au début de la libération du prisonnier face à la lumière du soleil), mais la vérité en vaut la peine.
Allégorie de la caverne : explication (en une phrase, pour vos dissertations et commentaires de texte)
L’allégorie de la caverne est une métaphore philosophique qui, tout en critiquant l’ignorance, défend les vertus de la connaissance et de la curiosité intellectuelle pour s’élever vers la vérité et, de facto, vers la liberté.
L’allégorie : définition
L’allégorie est une figure de style des plus subtiles en littérature, mais elle compte aussi parmi les plus simples à comprendre et à identifier.
Qu’est-ce qu’une allégorie ? (figure de style)
L’allégorie est une figure de style consistant à représenter une idée abstraite à travers une image concrète, parfois humaine ou mythologique.
Elle repose en grande partie sur la notion de symbole et est également présente dans les arts visuels.
Aussi, l’idée abstraite représentée par l’allégorie est souvent une grande idée ou un concept moral tel que la mort, la paix, la liberté, etc.
Allégorie def : exemple
Après la chute de tous les pouvoirs modernes et le Grand Effondrement civilisationnel de 2034, nous avons rebâti une nouvelle société. Ses instances dirigeantes démocratiques siègent dans un même bâtiment, l’un des seuls épargnés par les bombardements nucléaires, que l’un d’entre nous a proposé de nommer provisoirement Le Phénix.
Explication :
Le Phénix, Oiseau de feu mythologique, est le symbole par excellence de la renaissance et de la résurrection. Ainsi, on parle souvent de quelqu’un qui se relève après une épreuve (ou une série d’épreuves) extrêmement difficile comme d’un « Phénix qui renaît de ses cendres ».
Les allégories les plus connues
Les allégories suivantes figurent parmi les plus notoires, si bien que l’immense majorité des gens perçoit immédiatement le sous-entendu dès qu’elles sont énoncées.
Elles sont ainsi partie intégrante de notre culture.
L’allégorie de la mort
L’allégorie de la mort par excellence est La Faucheuse (parfois appelée La Grande Faucheuse).
Dans cette allégorie, la Mort y est représentée à l’aide d’un squelette (ou du moins d’une silhouette blanchâtre asexuée) drapé dans un long manteau noir à capuche large et armé d’une grande faux.
Exemple d’allégorie : la Faucheuse
Dans le jeu de simulation de vie Les Sims, quand un personnage meurt, la Faucheuse apparaît et fait disparaître sa silhouette d’un coup de faux dans l’air.
L’allégorie de la justice
Dans la culture contemporaine, la justice est le plus souvent représentée par deux allégories :
- Thémis, déesse romaine de la Justice (qui porte un bandeau sur les yeux, censé incarner son impartialité, ainsi qu’une épée dans une main et une balance dans l’autre),
- La balance de Thémis (seule, sans sa déesse porteuse).
Figure de style allégorie : exemple de phrase
Ce soir, suite à l’indignité du verdict rendu, Thémis, dégoûtée, a déposé les armes et s’en est allée sangloter sur l’autel de la vérité bafouée.
L’allégorie de la liberté
En France, la figure de Marianne peut être considérée comme une allégorie de la liberté.
Pourtant, c’est certainement dans l’art que se trouve l’allégorie la plus éloquente de cette idée…
Allégorie de la liberté : exemple dans l’art
La Liberté guidant le peuple est un tableau peint par Eugène Delacroix en 1830.
Inspiré par la révolution des Trois Glorieuses, il représente une jeune fille issue du peuple coiffée d’un bonnet phrygien (symbole de la libération révolutionnaire), brandissant le drapeau français de son poing et entraînant dans son sillage une foule de soldats de tous bords déterminés à combattre pour leur liberté.
Cette jeune femme fougueuse est une allégorie puissante de la liberté à la française.
L’allégorie de la paix
La colombe, avec son plumage blanc immaculé, est habituellement représentée pour incarner la paix, mais on retrouve aussi parfois le rameau d’olivier (également une allégorie de la victoire) ainsi que des représentations de paysages campagnards verdoyants ou de cours d’eau endormis.
Allégorie de la paix : exemple
Les délégations des deux pays signèrent l’Armistice. Dans la même minute, un banc de colombes vint se poser sur le toit du Capitole.
L’allégorie de la vie
Le fleuve, une entité autonome et nourricière pour l’Homme, peut être considéré comme une allégorie naturelle de la vie.
Allégorie : exemple simple
Le mouvement perpétuel d’un fleuve est calqué sur le cours de l’existence humaine : le courant qui le porte est tantôt calme, tantôt agité, et l’on doit parfois faire face à des obstacles tels que des troncs d’arbre échoués ou des rochers.
Les affluents du fleuve rappellent sans conteste les rencontres que nous faisons et qui alimentent nos vies.
La source du fleuve incarne la naissance, tandis que le fait qu’il se jette dans une mer en bout de course nous remet en tête le fait que notre mort n’est pas la fin de tout, et que notre existence terrestre participe en fait d’un tout bien plus grand que nous.
Allégorie : exemples littéraires
La littérature s’est souvent appuyée sur des figures allégoriques pour faire passer ses messages :
- Les Fables de La Fontaine mettent régulièrement en scène des animaux ou des éléments naturels personnifiés pour incarner des traits de caractère, voire des péchés capitaux. Par exemple, dans La Cigale et la Fourmi, la Cigale représente l’insouciance et la paresse, tandis que la Fourmi représente l’économie et le dur labeur, la morale de l’histoire étant que la récompense à long terme et la tranquillité d’esprit passent par le travail.
- Dans sa fable romanesque La Ferme des animaux, George Orwell raconte l’histoire d’animaux de ferme qui se révoltent et chassent leurs maîtres de leurs terres pour fonder leur propre société en autarcie des Hommes. Il s’agit en réalité d’une allégorie à charge contre la Russie stalinienne sous le régime communiste.
- Dans La Métamorphose de Franz Kafka (une nouvelle fantastique), le personnage principal se transforme en l’espace d’une seule nuit en un insecte dégoûtant. Tout dans l’intrigue nous conduit à interpréter cette métamorphose comme une allégorie à visée philosophique : la transformation de Gregor représente une révolte intime contre le conformisme et le manque d’accomplissements personnels.
L’allégorie et les autres figures de style
L’allégorie peut être rapprochée de deux autres figures de style : la personnification et la métaphore.
L’allégorie et la personnification
Si l’allégorie n’est pas synonyme de personnification, elles présentent de grandes similitudes.
La personnification, qui est également une figure de style, consiste à attribuer des propriétés humaines à un animal ou à une chose inanimée. On l’utilise pour transmettre des émotions et des idées sous une forme inhabituelle.
En comparaison avec la personnification, l’allégorie donne une interprétation d’une idée abstraite à partir d’une image élaborée, qui n’est pas nécessairement anthropomorphique (c’est-à-dire qui prête des qualités et des traits humains à un animal ou une chose non humaine).
Ainsi, l’allégorie peut avoir trait à la personnification, ou non.
Exemple d’allégorie empruntant à la personnification
Le tableau expressionniste Le Cri, réalisé par Edvard Munch, représente les émotions que sont la peur et l’angoisse sous les traits d’une figure humaine assez terrifiante par son expression, entourée d’un ciel et d’une mer aux couleurs évoquant l’Enfer et la Mort.
Ainsi, ce personnage est une personnification de l’angoisse, voire de la mort en tant que concept abstrait.
L’allégorie vs la métaphore
L’allégorie, qui appartient aux figures de style d’analogie, semble proche de la métaphore. En effet, tout comme cette dernière, l’allégorie utilise une ou plusieurs images afin de représenter une idée ou un concept abstrait. Toutes deux portent une dimension symbolique et font appel au sens de l’interprétation du lecteur de par le message implicite qu’elles délivrent.
Néanmoins, l’allégorie est plus longue que la métaphore et s’étend souvent sur plusieurs phrases, plusieurs paragraphes… voire une œuvre dans son entièreté. D’ailleurs, elle peut tout à fait intégrer plusieurs métaphores.
En outre, la métaphore a souvent une dimension poétique, tandis que l’allégorie, elle, est davantage utilisée comme un outil pédagogique, afin de faire passer un message.