En français, le gérondif permet d’attribuer deux actions simultanées à un seul sujet.
Toutefois, le gérondif est un mode dit impersonnel, c’est-à-dire qu’il ne présente pas de pronom personnel.
Gérondif def
Sans pronom personnel, le gérondif présente une seule terminaison possible : « -ant ».
Il se compose de la préposition en, suivie du verbe conjugué au participe présent :
✓ En allant (préposition en + verbe aller au participe présent)
✓ En finissant (préposition en + verbe finir au participe présent)
✓ En voulant (préposition en + verbe vouloir au participe présent)
Facile à former, le gérondif pose néanmoins un problème majeur : il ne peut pas être utilisé indépendamment et doit toujours être suivi par le sujet de l’action pour éviter les ruptures syntaxiques.
Plan de l’article :
Qu’est-ce que le gérondif ?
Le gérondif, en français, est une forme verbale caractérisée par une finale unique en « -ant » et par la présence de la préposition en avant la forme verbale.
Cette finale unique est due à l’absence de pronom personnel qui supprime les différentes désinences, les terminaisons propres à chaque pronom.
Cette désinence unique en « -ant » correspond à la terminaison du participe présent, une forme verbale qui ancre l’expression de la simultanéité de deux actions au plus près du temps de la narration.
C’est quoi le gérondif ?
Gérondif exemple :
- En descendant chercher le courrier, j’ai rencontré le nouveau voisin.
Explication :
Libre de pronom personnel et exemptée du choix de diverses désinences, la structure du gérondif est très facilement identifiable : le radical du verbe descendre est encadré par la préposition en et par la terminaison « -ant » du participe présent.
Le participe présent permet d’exprimer la simultanéité de deux actions au moment de l’énonciation, peu importe le temps de narration.
Ici, le verbe rencontrer, conjugué au passé composé, exprime une action achevée dans un passé proche.
L’utilisation du participe présent met chronologiquement ces deux actions en parallèle et fait correspondre l’action, énoncée au présent, au temps de la narration, un passé qui vient de se terminer.
Gérondif et mode impersonnel
Le mode impersonnel du gérondif est véritablement la clé de sa facilité d’utilisation.
Puisqu’il ne dépend pas d’un pronom personnel, il ne subit aucun accord. Sa forme est donc invariable, quel que soit le sujet de l’action.
Gérondif : invariabilité du mode impersonnel
✓ En allumant la radio, elle découvrit avec effroi les résultats de l’élection ;
✓ En marchant sur le trottoir enneigé, il se rappelait ses empreintes sur le sable ;
✓ En dévoilant leur visage, elles s’arrogent le droit de vivre ;
✓ En tambourinant à la porte, les policiers réveillèrent tout l’immeuble.
Le mode impersonnel permet aussi d’utiliser différents temps de narration. Toutefois, la notion de simultanéité de deux actions implique qu’une des actions se soit déjà produite et que l’autre soit au moins envisagée, voire complètement réalisée.
Gérondif et temps de narration
✓ En réagissant de cette façon, il ne se fait pas que des amis (présent) ;
✓ En réagissant de cette façon, il ne se faisait pas que des amis (imparfait) ;
✓ En réagissant de cette façon, il ne se fit pas que des amis (passé simple) ;
✓ En réagissant de cette façon, il ne se fera pas que des amis (futur simple) ;
✓ En réagissant de cette façon, il ne va pas se faire que des amis (futur proche).
Tous les temps du passé et du présent peuvent donc être employés. Le futur simple et le futur proche sont également possibles, car l’action est envisagée, même si elle n’est pas encore réalisée.
Le conditionnel échappe quelque peu à cette logique, car la condition est plus fréquemment introduite par la conjonction si. Toutefois, une précision sémantique permet tout à fait l’association du gérondif et du conditionnel.
Gérondif et conditionnel
✓ Il savait qu’en réagissant de cette façon, il ne se ferait pas que des amis.
Gérondif et rupture syntaxique
La principale difficulté du gérondif est le manque d’autonomie syntaxique de sa forme. En d’autres mots, cette forme verbale ne peut être utilisée seule.
On la retrouve fréquemment placée en début de phrase, au sein de compléments circonstanciels qui se subordonnent à une phrase principale.
Si cette position n’est pas fixe, elle permet néanmoins de faire correspondre le sujet de la phrase principale au sujet du gérondif.
L’absence de cette correspondance amène une rupture syntaxique, qui, en dehors de toute volonté stylistique, est une erreur appelée anacoluthe.
Gérondif et rupture syntaxique
Exemples :
✓ En atteignant le sommet de l’Annapurna, je fus accueillie par des centaines de drapeaux de prières.
✗ En atteignant le sommet de l’Annapurna, des centaines de drapeaux de prières m’accueillirent.
Explications :
En atteignant le sommet de l’Annapurna n’est pas une phrase autonome : seule, elle n’a aucun sens. Elle doit être rattachée à une autre proposition pour que ses fonctions syntaxiques et sémantiques soient remplies.
Toutefois, pour que ce rattachement fonctionne sur le plan syntaxique, le sujet des deux propositions doit coïncider.
Dans la première phrase, je est le sujet de la phrase principale et le sujet du gérondif en atteignant le sommet. La phrase est syntaxiquement cohérente.
Dans la deuxième phrase, des centaines de drapeaux de prières est le sujet de la phrase principale, mais n’est pas le sujet du gérondif (ce ne sont pas les drapeaux qui atteignent le sommet). Ce manque de correspondance entre les deux sujets entraine une rupture syntaxique fautive.
Gérondif et participe présent
Les termes gérondif et participe présent ne sont pas synonymes, mais ils sont néanmoins liés par le sens.
Le participe présent est une forme verbale impersonnelle, une définition qui le rapproche du gérondif. Toutefois, il possède un double rôle syntaxique : il n’est plus simplement forme verbale, mais aussi forme adjectivale.
Bon à savoir…
Le gérondif est un mode impersonnel qui permet d’exprimer la simultanéité de deux actions. Il se compose d’une forme verbale conjuguée au participe présent, précédée de la préposition en.
Autrement dit, le participe présent est avant tout un composant du gérondif, en l’occurrence sa désinence, sa terminaison. Mais le participe présent se distingue surtout du gérondif, car, contrairement à ce dernier, il n’est pas invariable.
Comme tous les adjectifs, un participe présent utilisé pour sa valeur adjectivale doit s’accorder en genre et en nombre avec le nom qu’il qualifie.
De plus, certaines formes adjectivales diffèrent graphiquement de leur forme verbale. Il faut donc faire la différence entre une terminaison associée au radical d’un verbe, et son adjectif, dont la forme par défaut est au masculin singulier.
Différence gérondif et participe présent
Exemple gérondif en français :
✓ Tout en somnolant, la jeune pirate manœuvrait du pied la barre du bateau.
Explications :
Au gérondif, le verbe somnoler est conjugué au participe présent et précédé de la préposition en. Invariable, cette forme verbale ne s’accorde pas avec le sujet (la jeune pirate).
Exemples participe présent :
✓ Somnolente, la jeune pirate manœuvrait du pied la barre du bateau.
✓ Somnolent, le jeune pirate manœuvrait du pied la barre du bateau.
Explications :
Dans ces exemples, le participe présent du verbe somnoler est employé dans sa forme adjectivale. Il n’exprime plus deux actions simultanées, mais attribue plutôt un état, une caractéristique physique ou psychologique à un sujet.
Ce sujet commande l’accord de l’adjectif : la jeune pirate est féminin singulier ; le jeune pirate, masculin singulier.
Somnoler étant la forme à l’infinitif, sa forme verbale conjuguée au participe présent somnolant prend la désinence en « ant » pour former le gérondif.
La forme infinitive de ce verbe donne également l’adjectif verbal somnolent, qui désigne « l’état de somnolence ». Cette forme par défaut est celle du masculin singulier, à laquelle s’ajoutent les marques du féminin ou du pluriel, voire des deux, selon le sujet caractérisé. Le gérondif et le participe présent à valeur adjectivale de somnoler ne présentent pas la même graphie et ne doivent pas être confondus.
Gérondif passé
Le gérondif passé n’a pas complètement disparu de nos écrits, même s’il tend à être éclipsé par la versatilité et la facilité d’utilisation de son homologue du présent.
Il se compose toujours de la préposition en, mais cette dernière est cette fois suivie du participe présent de l’auxiliaire être ou avoir, soit respectivement les formes étant et ayant, et du participe passé du verbe à conjuguer.
Forme composée s’il en est une, le gérondif passé exprime toujours la simultanéité de deux actions. Il permet surtout d’ancrer les temps de narration et d’énonciation dans un passé éloigné.
Gérondif ou gérondif passé
Exemples :
- Elles arrivèrent à bon port tout en ayant emprunté des routes secondaires.
- Elles arrivèrent à bon port tout en empruntant des routes secondaires.
Explications :
Composé de en + ayant (participe présent du verbe avoir) + emprunté (participe passé du verbe emprunter), le gérondif passé renvoie les deux actions simultanées dans le passé.
La forme simple du gérondif est aussi possible, mais apporte une subtile nuance sémantique. Elle change la perspective narrative en actualisant les propos dans le présent d’énonciation.
Toutefois, certaines formes verbales, dont le sens à la voix passive est différent de leur sens à la voix active, nécessitent la forme composée du gérondif, quel que soit le temps employé.
La différence sémantique entre les deux formes est telle qu’elle ne permet pas la substitution d’une forme pour une autre et seul le gérondif passé, soit sa forme composée, transmet fidèlement le sens passif.
Gérondif passé ou composé
Exemples :
- Tout en étant persuadée de sa réaction, elle lui avoue son secret.
- Tout en se persuadant de sa réaction, elle lui avoue son secret.
Explications :
Le gérondif passé permet de composer la forme verbale de sens passif être persuadé, alors que la forme simple du gérondif implique un important glissement sémantique.
Être persuadé véhicule une notion de passivité, complètement absente de la forme pronominale se persuader, dont le sens est résolument actif.
Plus qu’un simple indicateur temporel, la forme composée du gérondif respecte la valeur sémantique propre aux verbes de sens passif.
Puisque les deux formes de gérondif s’utilisent au présent, on utilise le terme gérondif pour désigner sa forme simple, et plus rarement gérondif présent lorsque l’action est intentionnellement rapportée au présent de narration. Le terme gérondif passé désigne lui sa forme composée.
Le gérondif : une histoire latine
Le gérondif n’est pas une exception française. Il puise ses origines dans l’une des plus importantes langues véhiculaires du continent européen, le latin.
Si le gérondif latin n’a plus grand-chose en commun avec ses descendants, le gérondif espagnol, le gérondif portugais et le gérondif anglais partagent néanmoins une de ses caractéristiques : l’aspect duratif et progressif de l’action.
Ces deux valeurs sémantiques se retrouvent dans le suffixe « -ndo » des langues ibériques et le suffixe « -ing » de l’anglais. Plus qu’une simultanéité de deux actions, ces désinences nous informent qu’une action est en cours et que sa réalisation est progressive et continue.
En français, ces valeurs sémantiques sont exprimées au moyen d’éléments externes au verbe. La locution être en train de, les adverbes peu à peu, petit à petit, progressivement ou la forme verbale continuer à sont autant d’artifices lexicaux qui doivent être ajoutés à la phrase pour combler cette lacune sémantique.
Estoy hablando ou I am talking ne peuvent se traduire, en français, que par le présent je parle ou la forme progressive, plus proche sémantiquement, je suis en train de parler. Le gérondif français utilisé seul ne véhicule que très faiblement cet aspect duratif et progressif de l’action.
Par ailleurs, cette perte sémantique est d’autant plus frappante que ces gérondifs de tradition latine sont complètement autonomes sur le plan syntaxique, ce qui n’est pas du tout le cas du gérondif français.