En français, un synonyme est un mot qui partage avec un autre mot un même sens et une même catégorie grammaticale. On dit alors de ces deux mots qu’ils sont synonymes.
Définition synonyme
Deux mots sont synonymes lorsque leur sens est très proche et qu’ils appartiennent à la même catégorie grammaticale.
La liste ci-dessous propose des synonymes du mot joie :
✓ plaisir,
✓ enthousiasme,
✓ bonheur,
✓ allégresse,
✓ gaieté,
✓ jubilation,
✓ euphorie,
✓ ravissement,
✓ extase, etc.
Le mot joie est un nom commun comme tous les autres mots de la liste ci-dessus.
Toutefois, rares sont les mots qui peuvent être substitués par d’autres en contexte.
L’expression avec joie, qui traduit à la fois l’affirmation et le consentement, est uniquement substituable par avec plaisir. Les formes avec enthousiasme, avec allégresse, avec gaieté, etc. ne remplissent pas cette même fonction linguistique.
À l’exception de plaisir, tous les autres mots de la liste ne sont que des quasi-synonymes de joie.
Plan de l’article :
Entre synonymes et quasi-synonymes, la question c’est quoi un synonyme ? est bien plus complexe qu’elle n’en a l’air. Un rappel pragmatique et économique devrait satisfaire les plus curieux…
Synonyme : définition
Un synonyme est un mot qui partage, en plus d’une même fonction grammaticale, de nombreux traits sémantiques avec un autre. Autrement dit, leur sens, même très proche, n’est jamais parfaitement identique.
Heureux, content, gai sont autant de mots que l’on qualifie de synonymes. Ils partagent en effet la même fonction grammaticale, celle de l’adjectif. Ils sont substituables dans de nombreux contextes, notamment lorsqu’il est question du bonheur, du sentiment ressenti.
Synonymes exemples
✓ Il a l’air heureux.
✓ Il a l’air content.
✓ Il a l’air gai.
Une même thématique n’est pourtant pas garante de synonymie : ces trois mots ne sont plus du tout substituables dans un contexte précis.
Synonymes exemples
✓ Ils sont heureux ensemble.
✗ Ils sont contents ensemble.
✗ Ils sont gais ensemble.
Sémantiquement, ils ne remplissent pas la même fonction linguistique. Le sens véhiculé (être heureux en ménage) ne peut être rendu par les adjectifs content et gai.
Pour les locuteurs natifs, cette différence est évidente. Elle est intégrée naturellement tout au long de leur apprentissage langagier.
Ce n’est pas le cas pour les francophiles qui apprennent artificiellement le français et n’intégreront cette nuance sémantique qu’à la suite d’une longue exposition à la langue et à ses locuteurs.
Synonyme ou pas synonyme ? Une question pragmatique…
Les locuteurs natifs acquièrent tout au long de leur vie une connaissance tacite des mots, de leur définition et de leur usage en contexte. Cette connaissance, aussi appelée sensibilité linguistique, est véritablement une intuition.
Un francophone saura vous dire que ils sont heureux ensemble n’a pas le même sens que ils sont contents ensemble, qui ne signifie d’ailleurs pas grand-chose. Ce même locuteur sera toutefois bien embêté d’expliquer la raison d’une telle nuance sémantique.
Si ces mots sont synonymes, pourquoi ne peut-on pas les substituer dans tous les contextes ? C’est toute la dimension pragmatique du langage : l’ensemble des règles tacites qui gouvernent les échanges langagiers.
Les mots ne peuvent être compris qu’en contexte et un mot ne peut être employé en lieu et place de son synonyme si le contexte ne le permet pas. L’usage, le jugement, les nuances de sens, les attentes du destinataire sont autant d’éléments de langage qui font partie de l’immense connaissance pragmatique des locuteurs natifs.
Dans ce contexte, certains linguistes considèrent que les synonymes n’existent pas : les mots ne peuvent être que des quasi-synonymes.
Pour la très grande majorité des locuteurs, les synonymes sont des mots substituables en contexte. Pourtant, les quasi-synonymes ne sont pas une simple lubie de linguistes : ils sont nettement plus présents dans la langue qu’on ne le croit.
Synonymes et quasi-synonymes
Tous les mots, même ceux qui possèdent en apparence les mêmes traits sémantiques, possèdent des nuances de sens plus ou moins grandes : ce sont des quasi-synonymes.
Dans le cas de joie, les synonymes ravissement et extase ne peuvent être que des quasi-synonymes, car ils sont avant tout des hyponymes de joie.
L’hyponyme : un synonyme méconnu…
Un hyponyme se définit comme un synonyme plus étroit, dont le champ d’utilisation est plus restreint.
Le mot ravissement fait état d’un sentiment fort : la personne est au comble de la joie, elle ressent intensément l’émotion.
Le mot extase est lui-même l’hyponyme de ravissement. Le sens du mot extase dévoile une émotion extrême, si puissante qu’elle semble mystique, hors du monde sensible.
À l’inverse, le mot joie est l’hyperonyme des deux autres, il offre une définition plus générique, plus englobante du sentiment de bonheur.
Synonyme, hyperonyme et hyponyme
- C’est avec une joie immense qu’elle accepta sa proposition.
- C’est dans un ravissement total qu’elle accepta sa proposition.
- C’est dans une pure extase qu’elle accepta sa proposition.
Les notions d’hyperonymie et d’hyponymie définissent un ordre de grandeur, une sorte de hiérarchie établie entre chaque synonyme. Elles représentent une gradation de l’intensité du sens des mots, indépendante du rôle de l’adverbe.
Cette hiérarchie, imposée par les subtiles nuances sémantiques propres à chaque définition, empêche donc une synonymie parfaite. Toutefois, la nuance sémantique n’est pas le seul obstacle à une correspondance exacte entre les mots.
Deux mots, dont les traits sémantiques sont identiques en tous points, peuvent tout à fait ne pas être synonymes en contexte. Un policier et un flic sont tous deux des agents de police, qui partagent la même responsabilité, celle du maintien de l’ordre.
Cependant, la connotation de chaque mot, le jugement porté sur l’un et l’autre n’est pas le même. La valeur de chaque mot est alors bien différente et leur fonction linguistique s’en trouve modifiée.
Synonymes et registres de langue
✓ Le policier a appréhendé le malfaiteur.
✗ Le flic a appréhendé le malfaiteur.
✓ Barrez-vous, v’là les flics !
✗ Barrez-vous, v’là les policiers !
Policier et flic sont deux mots dont les traits sémantiques sont identiques, mais non substituables en contexte, car ils appartiennent à des registres de langues différents. Un mot de registre standard peut difficilement faire une incursion incognito dans un registre familier, et inversement.
Flic tend à s’utiliser dans le jargon de la profession par les policiers eux-mêmes et a récemment perdu quelque peu de la connotation péjorative qui trahissait le jugement du locuteur. Si cette connotation négative venait à disparaître complètement, le mot flic accèderait au registre standard et nous assisterions à la naissance de synonymes parfaits…
Le quasi-synonyme : un synonyme presque parfait…
Un des principes fondamentaux du langage est celui de l’économie linguistique : transmettre un message compréhensible facilement et rapidement.
En d’autres mots, tout locuteur revendique la politique du moindre effort au profit de l’efficacité communicationnelle.
La notion de synonymie parfaite contrevient à ce principe. Lorsque deux mots signifient la même chose, possèdent les mêmes valeurs et fonctions linguistiques, il n’y a pas lieu de garder les deux.
L’usage, par souci d’économie, ne conserve qu’un seul des deux mots et abandonne progressivement l’autre forme, d’où la prépondérance de quasi-synonymes dans la langue.