En français, le déterminant est placé devant le nom et le détermine : il lui donne un genre, un nombre, voire un sens.
Qu’ils soient définis, indéfinis, possessifs, démonstratifs, interrogatifs ou exclamatifs, les déterminants jouent un rôle syntaxique et sémantique essentiel.
Déterminant : définition
Dans ce livre, les personnages sont des animaux de ferme.
Explication :
Cette phrase contient trois déterminants :
- le déterminant démonstratif masculin singulier ce,
- le déterminant défini masculin pluriel les,
- le déterminant indéfini masculin pluriel des.
Le mot livre change de signification selon son genre : un livre, synonyme de publication, est différent d’une livre sterling ou même d’une livre de beurre. Dans ce cas, le déterminant joue un rôle syntaxique et sémantique.
Véritables chefs d’orchestre du groupe nominal, ils se sont adaptés au renouveau pédagogique et ont volontiers troqué leur petit nom d’article pour adopter celui de déterminant. Et ça tombe plutôt bien, parce qu’ils sont véritablement déterminants !
Plan de l’article :
Qu’est-ce qu’un déterminant ?
Un déterminant est un constituant du groupe nominal qui assure la fonction syntaxique du nom commun, et parfois du nom propre (les États-Unis, la Chine, le Mexique, etc.).
Autrement dit, le nom utilisé seul ne porte qu’une valeur sémantique et syntaxique partielle que le déterminant complète, voire assure intégralement dans le cas des noms épicènes.
Déterminant exemple
- Le scientifique a validé sa théorie.
- La scientifique a validé sa théorie.
Explication :
Le sens de la phrase repose entièrement sur l’utilisation du déterminant défini masculin singulier ou féminin singulier.
C’est aussi le cas pour les noms invariables, dont la forme ne change pas au pluriel.
Exemples déterminants
- Le gaz est nocif.
- Les gaz sont nocifs.
- Des gaz sont nocifs.
Explication :
Seul le déterminant permet de marquer le nombre, singulier ou pluriel, des noms invariables.
De plus, le déterminant défini les implique la notion de totalité (tous les gaz sont nocifs). Le déterminant indéfini des nuance le sens de la phrase, sous-entendant que si certains gaz sont nocifs, d’autres ne le sont pas.
Tableaux de tous les déterminants
Les tableaux ci-dessous rassemblent tous les déterminants utilisés en français. Chaque déterminant est accompagné d’un exemple qui contextualise son utilisation.
Déterminants définis (ou articles définis) et leurs formes contractées
Déterminant | Genre et nombre | Exemple |
le (« l’ » devant une voyelle ou un « h » muet) | masculin singulier |
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la (« l’ » devant une voyelle ou un « h » muet) | féminin singulier |
|
les |
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au (à + le) | masculin singulier |
|
aux (à + les) |
|
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du (de + le) | masculin singulier |
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des (de + les) |
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Déterminants indéfinis (ou articles indéfinis)
Déterminant | Genre et nombre | Exemple |
un | masculin singulier | un voyage |
une | féminin singulier | une destination |
des de (devant un adjectif et « d’ » devant un adjectif commençant par une voyelle ou un « h » muet) | masculin pluriel |
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Déterminants démonstratifs (ou adjectifs démonstratifs)
Déterminant | Genre et nombre | Exemple |
ce (« cet » devant une voyelle ou un « h » muet) | masculin singulier |
|
cette | féminin singulier |
|
ces |
|
|
Les déterminants apportent une précision sémantique selon s’ils sont définis ou indéfinis, mais également possessifs ou démonstratifs.
Le déterminant démonstratif permet de désigner physiquement ou métaphoriquement un objet dont on ignore le possesseur.
Exemple de déterminant : démonstratif
- Cette voiture est accidentée.
- Ces instituts de sondages sont une menace pour la démocratie.
Explication :
Le déterminant démonstratif cette permet de désigner, physiquement, une voiture spécifique sans mention de son propriétaire.
Le déterminant démonstratif ces permet de faire référence à une entité plurielle, de la désigner figurativement dans son ensemble.
Déterminants possessifs (ou adjectifs possessifs)
Déterminant | Genre et nombre | Exemple | Personne |
mon | masculin singulier |
| 1re personne du singulier |
ma (« mon » devant une voyelle ou un « h » muet) | féminin singulier |
| 1re personne du singulier |
mes |
|
| 1re personne du singulier |
ton | masculin singulier |
| 2e personne du singulier |
ta (« ton » devant une voyelle ou un « h » muet) | féminin singulier |
| 2e personne du singulier |
tes |
|
| 2e personne du singulier |
son |
|
| 3e personne du singulier |
sa (« son » devant une voyelle ou un « h » muet) | féminin singulier |
| 3e personne du singulier |
ses |
|
| 3e personne du singulier |
notre |
|
| 1re personne du pluriel |
nos |
|
| 1re personne du pluriel |
votre |
|
| 2e personne du pluriel |
vos |
|
| 2e personne du pluriel |
leur |
|
| 3e personne du pluriel |
leurs |
|
| 3e personne du pluriel |
Au contraire du démonstratif, le déterminant possessif attribue un possesseur à l’objet désigné.
Exemple de déterminant : possessif
- Ta veste est tachée.
- Notre croisière a été annulée.
Explication :
Le déterminant possessif ta attribue la possession de l’objet à l’interlocuteur ; tandis que notre inclut le locuteur parmi les possesseurs de l’objet désigné.
Aussi, le déterminant possessif leur confère une nuance sémantique importante selon s’il est utilisé au singulier ou au pluriel.
Déterminant possessif leur
✓ Leur mort est imminente.
✗ Leurs morts sont imminentes.
Explication :
Certains noms ne peuvent pas être utilisés avec le déterminant possessif pluriel leurs, car s’ils évoquent un sujet pluriel, ils représentent une réalité singulière à chaque individu.
Bon à savoir
Le déterminant possessif, s’il s’accorde avec le genre du nom qu’il détermine, possède une particularité lorsqu’il précède un mot commençant par une voyelle ou un « h » muet.
- Son automobile est accidentée.
- Sa voiture est accidentée.
Si ces deux phrases sont identiques sur le plan sémantique et syntaxique, le déterminant employé devant automobile, nom pourtant féminin, est bel et bien masculin.
Cette exception grammaticale, identique pour les formes mon et ton, nous vient du XIIe siècle. En ancien français, ces formes étaient élidées pour éviter un hiatus, la succession de deux voyelles, comme dans « sa automobile ».
Ainsi, le mot « ma amie » pour parler d’une amie de cœur, était élidé en m’amie, dont on trouve encore la trace sous la forme ma mie, en français contemporain. Ces élisions ont été progressivement abandonnées au profit des déterminants masculins, comme dans mon amie.
Déterminants interrogatifs (ou adjectifs interrogatifs)
Déterminant | Genre et nombre | Exemple |
quel | masculin singulier | Quel prénom avez-vous choisi ? |
quelle | féminin singulier | Quelle raison a-t-il invoquée ? |
quels | masculin pluriel | Quels souvenirs as-tu rapportés ? |
quelles | féminin pluriel | Quelles chansons a-t-elle chantées ? |
Déterminants exclamatifs (ou adjectifs exclamatifs)
Déterminant | Genre et nombre | Exemple |
quel | masculin singulier | Quel beau bébé ! |
quelle | féminin singulier | Quelle interprétation convaincante ! |
quels | masculin pluriel | Quels paysages fantastiques ! |
quelles | féminin pluriel | Quelles femmes courageuses ! |
Déterminants relatifs (ou adjectifs relatifs) et leurs formes contractées
Déterminant | Genre et nombre | Exemple |
lequel auquel (à + lequel) duquel (de + lequel) | masculin singulier |
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laquelle | féminin singulier |
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lesquels auxquels (à + lesquels) desquels (de + lesquels) | masculin pluriel |
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lesquelles auxquelles (à + lesquelles) desquelles (de + lesquelles) | féminin pluriel |
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Déterminants quantitatifs (ou adjectifs indéfinis)
Les déterminants quantitatifs sont très nombreux (assez de, beaucoup, différent, divers, bien des, bon nombre de, tellement de, trop de, etc.) et le tableau ci-dessous n’est pas exhaustif.
Déterminant | Genre et nombre | Exemple |
chaque |
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n’importe quel n’importe quelle n’importe quels n’importe quelles |
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quelque quelques |
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certains certaines |
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plusieurs |
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Déterminants négatifs (ou adjectifs indéfinis)
Détermi-nant | Genre et nombre | Exemple |
aucun aucune aucunes |
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nul nulle nuls nulles |
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pas un pas une |
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Déterminants partitifs (ou articles partitifs)
Déterminant | Genre et nombre | Exemple |
du (« de l’ » devant une voyelle ou « d’ » devant un « h » muet) | masculin singulier |
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de la (« de l’ » devant une voyelle ou « d’ » devant un « h » muet) | féminin singulier |
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des |
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Déterminants numéraux (ou adjectifs numéraux cardinaux)
Les déterminants numéraux sont très nombreux (tous les chiffres, à l’exception de un, ainsi que les nombres et les noms collectifs exprimant une quantité chiffrée). Le tableau ci-dessous n’est pas exhaustif.
Déterminant | Genre et nombre | Exemple |
deux trois dix soixante-douze cent mille milliard | masculin ou féminin pluriel (sauf mille qui est toujours invariable) |
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Déterminant ou article ?
La question de la dénomination de ces constituants essentiels du groupe nominal fait référence à une réforme pédagogique de la grammaire du français, amorcée à la fin du XXe siècle.
Les termes article défini ou indéfini, et adjectif démonstratif ou possessif, appartiennent à la grammaire traditionnelle, telle qu’enseignée jusque dans les années 1970.
Le déterminant, sous toutes ses formes, est lui issu de la grammaire nouvelle, aussi appelée nouvelle grammaire ou grammaire moderne dans les autres pays francophones.
D’ailleurs, tous n’ont pas adopté la grammaire nouvelle au même moment. Au Québec, elle n’est pas si nouvelle que ça, car la transition s’est amorcée au début des années 1980. La Suisse a introduit progressivement l’enseignement de cette nouvelle grammaire au cours de la décennie 90.
La Belgique utilise sa propre version modernisée depuis les années 2000. Quant à la France, elle s’accroche à l’enseignement de la grammaire traditionnelle et semble plus que réticente à appliquer cette réforme pédagogique.
Les arguments français contre la grammaire nouvelle sont les mêmes qui concernent toutes les réformes linguistiques : un nivellement vers le bas en raison d’une vision jugée simpliste de l’analyse grammaticale.
La nouvelle grammaire du français n’est pourtant pas le fruit du hasard, et encore moins d’une volonté de simplifier un système pourtant arbitraire, illogique et non maitrisé par la plupart des francophones. Elle est issue de recherches linguistiques et vise à rétablir les relations syntaxiques propres au français contemporain.
La grammaire traditionnelle, théorisée par les lettrés du XVIIe siècle, repose sur l’observation du français de l’époque, à partir du latin et des relations sémantiques de chacun des cas (nominatif, accusatif, génitif, datif et ablatif). Si les cas régime et sujet de l’ancien français présentaient des similitudes avec les cas latins, ce n’est plus le cas, justement, du français moderne.
Cette réforme vise donc à faire correspondre davantage l’analyse grammaticale à l’évolution de la langue et surtout à l’avancée des connaissances dans les sciences du langage.
La grammaire nouvelle n’est pas un pis-aller, mais une correspondance sémantique et syntaxique actualisée, mise à jour et adaptée au français parlé aujourd’hui.
Si certains associent la grammaire nouvelle au déclin du français, c’est qu’ils oublient que la langue est vivante. Sa transformation continue et graduelle ne reflète que son processus d’évolution, que rien ne peut empêcher.