Métaphore : définition et exemples simples
La métaphore est une figure de style de substitution consistant à effectuer un rapprochement entre deux termes ou concepts, par analogie.
Elle est dépourvue d’élément comparatif, contrairement à la comparaison.
Métaphore : définition
La métaphore est une figure de style consistant à rapprocher deux termes ou deux idées afin de favoriser leur identification. Le terme est issu du grec « meta » (« au-delà ») et « phorein » (« porter »).
Elle fonctionne donc sur le principe de la ressemblance et de l’analogie en substituant un terme sémantique par un autre, plus imagé et évocateur.
- brûler de désir,
- nourrir l’esprit,
- une idée qui fait son chemin.
Les éléments constitutifs de la métaphore proviennent souvent d’un autre champ sémantique, mais peuvent présenter un lien en commun ou une ressemblance, permettant le transfert, le rapprochement et l’identification par le lecteur.
Types de métaphores
1. La métaphore filée
La métaphore filée est une métaphore que l’on retrouve au sein de plusieurs éléments de la phrase, de la strophe ou du paragraphe. Elle est souvent introduite sous la forme d’une comparaison (avec le mot comme, par exemple).
Les mots associés à la métaphore filée appartiennent tous au même champ sémantique, comme on peut le voir dans ce court extrait où l’auteur puise dans le champ lexical de la nature pour dresser le portrait de l’empereur Napoléon.
Il était comme un arbre en proie à la cognée.
Sur ce géant, grandeur jusqu’alors épargnée,
Le malheur, bûcheron sinistre, était monté ;
Et lui, chêne vivant, par la hache insulté,
Tressaillant sous le spectre aux lugubres revanches,
Il regardait tomber autour de lui ses branches. »
(Victor Hugo, L’Expiation)
2. La métaphore in praesentia
La métaphore « in praesentia » est le type de métaphore le plus répandu.
Elle est constituée :
- d’un comparant (ou phore) : l’élément objet de la comparaison dont le sens premier est détourné, un terme propre au sens abstrait
- d’un comparé (ou thème) : l’élément de comparaison et d’identification, un terme au sens figuré, et donc concret
→ le comparé : l’employé
→ le comparant : le requin
3. La métaphore in absentia
Parfois, le comparé est implicite, et donc absent de la phrase. La métaphore est dite « in absentia » et sa compréhension nécessite un certain effort d’interprétation ainsi qu’une mise en contexte pour bien en appréhender sa portée.
Tout réside dans la suggestion et le lecteur doit déchiffrer le sens réel de la métaphore.
- « Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. »
(Victor Hugo, Demain, dès l’aube)
→ métaphore l’or du soir pour désigner le soleil couchant - Quel âne !
→ métaphore de l’âne pour parler d’une personne idiote
Emploi de la figure de style
La métaphore est une figure de rhétorique souvent employée dans la littérature, mais aussi dans la vie quotidienne.
Elle permet de :
Suggérer
Grâce à son procédé de substitution analogique et au rapprochement de termes à première vue différents, la métaphore confère aux écrits une certaine charge expressive. Sa force de suggestion invite à l’imagination.
Simplifier
L’emploi de concepts imagés permet de simplifier certaines idées et de les rendre plus compréhensibles lors de la description de choses complexes.
Marquer
La métaphore, par l’effet de surprise qu’elle génère, attire l’attention du lecteur, lui permettant de mémoriser plus facilement une idée et de gagner en expressivité
(Victor Hugo, Booz endormi)
Ainsi, lorsque l’écrivain Victor Hugo parle de cette faucille d’or, il désigne la Lune et évoque le ciel lorsqu’il parle de manière métaphorique du champ des étoiles.
Exemples de métaphores
1. Dans la littérature
Les grands écrivains français emploient souvent cette figure de rhétorique dans leurs ouvrages pour mieux illustrer leurs propos.
Quelques métaphores d’auteurs de la littérature française :
- « Je me suis baigné dans le poème de la mer. »
(Arthur Rimbaud, Le Bateau ivre) - « Mon âme est un tombeau. »
(Charles Baudelaire, Le Mauvais Moine) - « Tuer le Temps, qui a la vie si dure, et accélérer la Vie qui coule si lentement. »
(Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris) - « Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage. »
(Charles Baudelaire, L’Ennemi) - « Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées. »
(Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal) - « Moi, mon âme est fêlée. »
(Charles Baudelaire, La Cloche fêlée) - « Le soleil s’est couvert d’un crêpe. »
(Charles Baudelaire, Le Possédé) - « Vous êtes mon lion superbe et généreux ! »
(Victor Hugo, Hernani) - « Il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. »
(Arthur Rimbaud, Le Dormeur du val) - « Paul demeura devant l’entrée du cinéma, jusqu’à ce qu’y fussent avalés les spectateurs de la séance suivante. »
(Jean Echenoz, L’Équipée malaise) - « J’errais dans l’or du vent. »
(René Char, Fureur et Mystère) - « Le temps mène la vie dure à ceux qui veulent le tuer
Quand quelqu’un me dit : Je me tue à vous le dire ! Laissez-le mourir. »
(citation du poète français Jacques Prévert)
2. Dans la vie courante
La langue courante se caractérise par un discours très imagé, traversé par de nombreuses métaphores :
- C’est une vraie tête brûlée !
- Son rire cristallin m’enchantait.
- Il a la tête dans la Lune.
- Thomas a un grand cœur : il est très généreux.
- Stendhal est considéré comme le père du mouvement réaliste.
- L’espoir fleurit.
- Léa adore lire : c’est un vrai rat de bibliothèque.
- Le projet en était à ses balbutiements.
- Elle est arrivée au sommet de sa carrière.
- L’entreprise a coulé.
- J’ai des papillons dans le ventre.
- Cette personne m’a brisé le cœur.
- Il est tombé amoureux de sa voisine.
- Une idée a germé dans son esprit.
- Tes mots blessants m’ont beaucoup affectée.
- Il ne fit qu’une bouchée de son adversaire.
- Cette nouvelle était dure à avaler.
- Ne fais donc pas cette tête de chien battu et tes yeux de velours !
- Quelle tête de mule !
- Son père lui a passé un savon.
- Le candidat s’est livré à une véritable joute verbale avec son adversaire.
- Je vais jeter un œil à ce document.
- J’ai dévoré le dernier livre d’Éric-Emmanuel Schmitt.
- Il occupe une position éminente au sein de l’assemblée.
- Il était scié en deux par la douleur.
- Ses espoirs se sont effondrés.
- Je suis lessivé.
-
- Il était au printemps de sa vie.
- Cette chanteuse crève l’écran.
- C’est une personne sensible qui se froisse facilement.
- Les prix s’envolent en raison de l’inflation.
- une source de chagrin
- la racine du mal
- les rouages de la société
- Elle a les yeux revolver.
(Chanson de Marc Lavoine) - « Les loups sont entrés dans Paris »
(Chanson d’Albert Vidalie, interprétée par Serge Reggiani)
3. Dans la presse et la vie politique
Les métaphores sont fréquemment utilisées dans les textes journalistiques, mais aussi dans les discours politiques pour donner plus de force aux propos.
- Tir groupé d’inaugurations ce week-end
- Présidentielles : la campagne ne décolle pas
- Avis de tempête sur la campagne du ministre
- Logements sociaux : un virage à 180°
- Un match à armes égales
- Ukraine : la peur d’un nouveau Rideau de fer
- « La vieillesse est un naufrage. »
(citation du général de Gaulle)
4. Dans la publicité
Les métaphores publicitaires permettent d’ancrer le message dans la mémoire des consommateurs en retenant leur attention.
Réveille le tigre qui est en toi ! | publicité pour la marque de céréales « Frosties » |
Deux doigts coupe-faim | publicité pour les barres chocolatées « Twix » |
Arpège, parfum de lumière | slogan du parfum de la marque « Lanvin » |
Faites pousser vos idées | slogan de la marque « Jardiland » |
Le champagne des eaux de table | publicité pour l’eau minérale gazeuse « Perrier » |
Red Bull vous donne des ailes | publicité pour la boisson énergisante « Red Bull » |
Mammouth écrase les prix | publicité pour l’enseigne commerciale aujourd’hui disparue |
Boire Évian, c’est respirer à 3 000 mètres | publicité pour l’eau minérale « Évian » |
On retrouve également de nombreuses allusions métaphoriques dans le nom même des marques. Ce phénomène participe au processus d’identification et d’anthropomorphisme des marques, sources de fidélisation du consommateur.
Enfin, les métaphores présentes au sein des marques permettent de jouer sur l’imaginaire, sur les références mythologiques ou de décrire sommairement leur fonction.
Renault Clio | gamme d’automobiles faisant référence à la muse de l’Histoire |
Cracotte | marque de biscottes dont le nom met en évidence le craquant de ses produits |
Croustibat | marque de bâtonnets de poisson vantant le croustillant de ses produits |
Decap’four | marque de produits d’entretien pour fours ménagers |
Délichoc | nom évoquant le délice du biscuit et du chocolat |
Hermès | marque de prêt-à-porter et maroquinerie faisant allusion au dieu protecteur des voyageurs |
La Laitière | marque de produits laitiers présentant un nom et un visuel faisant référence à la peinture « La Laitière » de Vermeer |
Monopoly | nom d’un célèbre jeu de société avec métaphore du monopole et des opérations d’investissement immobilier |
Nike | marque d’articles de sport faisant référence à la déesse de la victoire |
Pom’Potes | marque de compotes dont le nom permet au consommateur de comprendre instantanément le contenu du produit |
Pur’Soup | gamme de la marque Liebig mettant en avant le côté naturel (pur) de ses soupes |
Schoko-Bons | bonbons au chocolat de la marque Kinder |
Taillefine | marque vantant les vertus amaigrissantes de ses produits laitiers |
Velours noir | café dont le nom évoque la douceur de son arôme |
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Métaphore, comparaison, catachrèse : différences
1. La métaphore
Une métaphore se construit sans lien implicite entre le « comparant » et le « comparé ». L’absence de lien (ou « mot outil ») entre les deux éléments peut être comblée par un verbe (être, par exemple), une apposition ou un complément du nom.
(Honoré de Balzac, Le Père Goriot)
2. La comparaison
La comparaison se construit avec un élément ou outil de comparaison, entre le « comparant » et le « comparé » : comme, semblable à, pareil à, avoir l’air, ressembler à, tel, similaire, sembler, etc.
- Elle est rouge comme une tomate.
- Il ressemble à son père.
- Le chat avançait en silence, tapi dans les fourrés, tel un fauve.
- « La terre est bleue comme une orange. »
(Poème de Paul Éluard)
3. La catachrèse
La catachrèse est une sorte de métaphore. Issue du grec « katákhrēsis » (« usage »), cette figure de style consiste à employer un mot tombé dans le langage courant en détournant son sens propre tout en gardant une analogie avec le sens premier du terme.
- les ailes du moulin,
- les pieds d’une table,
- les artères d’une ville,
- la bretelle d’autoroute,
- prendre un bain de soleil,
- être à cheval sur une chaise,
- être à cheval sur les principes.