Syntaxe | Définition & exemples d’erreurs

En linguistique, la syntaxe d’une phrase correspond à l’ordre des mots, à la façon de les lier et de les agencer.

Syntaxe def
Ensemble des règles combinatoires qui régissent la structure d’un énoncé dans une langue donnée.

  • Est la fantastique linguistique.

Cette phrase est asyntaxique, car elle ne combine pas les mots selon les règles syntaxiques du français.

Souvent confondue avec la grammaire, la syntaxe précède pourtant, et de loin, toute règle grammaticale.

Petit retour en mots et en exemples sur une notion tellement méconnue qu’elle souffre d’une profonde aversion de la part des francophones. Et pourtant, ils en maîtrisent admirablement les règles…

Avis à tous ceux qui se disent nuls en français…
À part si vous vous exprimez comme Maître Yoda, il y a de fortes chances que vous soyez, en tant que locuteur natif, un as de la syntaxe.

Si l’on vous comprend lorsque vous parlez, c’est parce que vous maîtrisez, en tout ou en partie, la syntaxe du français. Ce dont la majorité des locuteurs n’a qu’une maîtrise partielle, en revanche, c’est sa grammaire, son code.

Heureusement, les outils d’aide à la rédaction de LanguageTool, comme le correcteur orthographique ou le reformulateur de textes, sont là pour nous aider à éviter les pièges orthographiques et grammaticaux de ce code.

Si les francophones maitrisent la plupart des règles syntaxiques de leur langue, ces dernières restent le fruit d’un apprentissage pour les locuteurs non natifs. Et l’on ne peut que souhaiter à tous ces jedi du français… que la Force soit avec eux !

Syntaxe : définition

Toutes les langues du monde possèdent une certaine structure, une manière de combiner les mots dans un ordre spécifique pour faire passer un message. Cet ordre, appelé syntaxe, répond à des règles combinatoires très précises et propres à chaque langue.

Syntaxe exemple
  • Tu me manques.
  • I miss you.

Explication :

Ces deux phrases sont l’équivalent sémantique l’une de l’autre. Toutefois, on évitera de parler de traduction littérale, car la deuxième n’est pas la traduction mot pour mot de la première, et inversement.

Cette absence de traduction littérale est due à des règles syntaxiques différentes entre le français et l’anglais : le français insisterait sur le résultat de l’action (voix active), alors que l’anglais aurait tendance à décrire l’action avant son résultat (voix passive).

Or, c’est exactement l’inverse qui se produit ici. L’anglais fait intervenir le sujet d’emblée, tandis que le français adopte la construction passive (« tu es manqué par moi »).

Je te manque est très différent, sémantiquement parlant, de tu me manques et les énoncés Je manque toi ou Je toi manque sont impossibles sur le plan syntaxique. Il faut alors utiliser la construction passive qui se révèle ici plus idiomatique.

Au-delà du sens, la syntaxe d’une langue reflète sa structure interne, sa logique, qui ne fonctionne qu’au sein de son propre système, loin de toute rationalité ou universalité.

Les règles syntaxiques sont pour la plupart tacites, c’est-à-dire non écrites, non exprimées, voire non expliquées. En tant que locuteur natif, tout francophone apprend le français au contact d’autres locuteurs.

Un enfant accède au langage en imitant ce qu’il entend dans son environnement. À aucun moment, il n’apprend qu’il faut privilégier la voix active pour faire correspondre je à l’énonciateur.

Au contraire, il reproduit, grossièrement d’abord, puis fidèlement par la suite, ce qu’il perçoit comme un énoncé. À force de répétition, d’essai-erreurs, il déduit que cet énoncé renvoie l’action et son résultat à lui-même, locuteur et sujet parlant.

La syntaxe n’est pas la grammaire…
La syntaxe constitue le stade le plus élémentaire de la langue. La production d’un énoncé syntaxiquement correct intervient très tôt dans l’apprentissage langagier d’un locuteur, bien avant son entrée à l’école.

Le sujet, le verbe, le complément n’ont aucun sens dans le cerveau d’un enfant de cinq ans. Il n’empêche qu’il apprend à reproduire, et à produire lui-même, des énoncés qui sont pourtant constitués d’un sujet, d’un verbe et d’un complément.

Sa capacité à produire des énoncés syntaxiques, des phrases construites correctement, dans le bon ordre, n’a rien à voir avec l’apprentissage de la grammaire. Cette dernière intervient a posteriori pour codifier la langue, pour entériner son code.

La grammaire n’est que l’outil pour parler de la langue, pour la rendre plus concrète. Un sujet, un verbe, un complément deviennent effectivement des éléments très utiles pour expliquer certains phénomènes linguistiques et préciser certaines notions.

Par ailleurs, c’est bien parce qu’elle est un outil construit a posteriori que la grammaire n’explique pas tout. Un locuteur francophone sait qu’il doit dire la petite maison bleue. Mais quand, et surtout comment a-t-il appris que « la bleue maison petite » n’était pas un énoncé correct ?

En effet, cet énoncé, bien que grammaticalement correct, est pourtant syntaxiquement impossible. Certes, la grammaire nous dit que les adjectifs bleue et petite en apposition au nom maison, s’accordent en genre et en nombre avec ce dernier. Mais qui a déterminé la place des adjectifs autour de maison ?

Ce n’est ni la grammaire ni la linguistique qui enseigne aux locuteurs la syntaxe d’une langue. Au mieux, ces sciences sont des accessoires pour pouvoir en parler, l’étudier et tenter d’en comprendre les phénomènes.

Mais à bien des égards, la langue ne s’explique pas. C’est justement dans ce vide, dans cette latence que réside la syntaxe d’une langue.

Chaque fois que l’on se dit ça sonne mieux, ça se dit mieux comme ça ou, au contraire, ça ne se dit pas ou ça se dit mal, c’est la syntaxe qui nous impose ce jugement. Elle produit une intuition, une sensibilité qui nous permet de juger du bien-fondé d’un énoncé, de son aspect idiomatique.

Aucune règle de grammaire n’explique la place de l’adjectif dans la phrase. Et si la syntaxe ne l’explique pas non plus, elle la régit pourtant.

Les règles syntaxiques font partie de la langue, en ce sens qu’elles ne nécessitent aucun autre apprentissage que la répétition dès le plus jeune âge des modèles structurels d’une langue. Ces modèles sont à réapprendre pour chaque langue.

Les linguistes tentent d’expliquer la structure des langues et d’en produire un ensemble de règles, appelées règles syntaxiques. Elles relèvent de l’étymologie (le genre et le nombre dans les langues latines), du taux de fréquence ou de récurrence (la voix active plus fréquente que la voix passive), voire de probabilités statistiques (les outils d’aide à la rédaction, comme un correcteur de syntaxe, prédisent les unités linguistiques possibles).

Cependant, ni les linguistes ni les grammairiens ne peuvent expliquer la structure de certains modèles. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé…

Erreurs de syntaxe : exemples

Puisque la syntaxe concerne l’ordre des mots d’une phrase, elle relève d’aspects très spécifiques de la langue.

Le choix des prépositions, la place des adverbes et des adjectifs, les types de phrases (interrogative, négative, exclamative, etc.) sont autant de considérations syntaxiques, car elles changent la structure de l’énoncé.

Si certains phénomènes sont toujours inexpliqués, d’autres ont fait l’objet d’une théorisation. Ils sont devenus des règles, un ensemble de prescriptions normatives. Mais qui dit ordre, dit désordre, et qui dit norme, dit erreur

Erreur de syntaxe : préposition
  • Aller à :
  • Je vais au cinéma ce soir.
  • Je vais chez le cinéma ce soir.
  • Aller chez :
  • Je vais chez le coiffeur demain.
  • Je vais au coiffeur demain.
  • Pallier :
  • Ces nouvelles directives pallient le manque de personnel.
  • Ces nouvelles directives pallient au manque de personnel.
  • Consister à :
  • Votre mission, si vous décidez de l’accepter, consiste à retrouver ce jeune homme.
  • Votre mission, si vous décidez de l’accepter, consiste en retrouver ce jeune homme.
  • Consister en :
  • Leur mission consiste en deux phases : sécurisation et réhabilitation du territoire.
  • Leur mission consiste à deux phases : sécurisation et réhabilitation du territoire.
  • Se rappeler :
  • Je me rappelle nos vacances en Italie.
  • Je me rappelle de nos vacances en Italie.
  • Se souvenir de :
  • Je ne me souviens pas de ce qu’il s’est passé.
  • Je ne me souviens pas ce qu’il s’est passé.
  • Croire à :
  • Je crois au réchauffement climatique.
  • Je crois en le réchauffement climatique.
  • Croire en :
  • Je crois en toi.
  • Je crois à toi.

En français, les prépositions jouent un rôle essentiel dans la structure de la phrase. Elles permettent de lier le verbe à son complément indirect. Pourtant, associée au même verbe, chacune d’entre elles véhicule un sens différent.

Parfois, cette nuance de sens est tellement subtile que même les locuteurs natifs se trompent. D’ailleurs, lorsque cette nuance sémantique s’estompe complètement, la forme d’une construction influence une autre.

Ainsi, bon nombre de locuteurs « se rappellent de quelque chose » (sur le modèle de se souvenir de) et « pallient à quelque chose » (sur le modèle de parer à). Ce genre d’erreur est très répandu : on les retrouve autant dans la presse écrite que dans les débats de l’Assemblée nationale. Pire encore, les locuteurs qui ne font pas la faute se font reprendre par ceux qui croient, à tort, que c’en est une…

Dans le cas des prépositions, de nombreux verbes tolèrent plusieurs prépositions sans distinction de sens et sans prescriptions normatives. On peut ainsi remercier de et pour, rêver de et à, et même — tous les Parisiens vous le diront — monter à et sur Paris.

Faute avouée…
Il est toujours bon de rappeler à quel point la syntaxe n’est pas une science exacte. Elle est science, car elle régit et organise un système de signes, la langue, qui permet à des individus partageant ce même système de communiquer.

Elle est inexacte, car elle n’est pas rationnelle, ou du moins pas « rationnalisable » par l’homme. Les grammairiens ont tenté de la rendre logique, méthodique, avec plus ou moins de réussite…

Comment leur jeter la pierre ? La codification d’un système certes organisé, mais qui répond à sa propre logique, donne irrémédiablement des explications… pas très logiques.

L’homme a longtemps cru que la parole, le logos d’Aristote, était liée au raisonnement : la raison humaine s’incarnait par et dans le langage. Autrement dit, le sujet parlant était doué de raison et d’intelligence.

Cette affirmation a longtemps dissocié les hommes des animaux. On sait aujourd’hui que les animaux communiquent et que leur langage est nettement plus varié (sons, ultra-sons, vibrations, phéromones, etc.) que celui des humains.

Cette vision ethnocentrique a par conséquent associé la rupture syntaxique, l’erreur de syntaxe à la faute, dans son sens premier : le manque, le défaut. Dans l’imaginaire collectif, la faute de syntaxe est donc un manque d’intelligence.

Les réseaux sociaux sont la preuve que cet imaginaire est encore très présent. Dans l’anonymat de ces plateformes, un commentaire est systématiquement discrédité avec une violence rare au motif qu’il est « bourré de fautes ». Et tant pis si ces remontrances sont loin d’en être elles-mêmes exemptes…

Tout le monde fait des fautes en français, mais personne ne l’avoue parce que cette notion de faute est fortement associée à un sentiment de honte, voire à une intense frustration.

La fameuse explication C’est l’exception qui confirme la règle montre l’échec de notre volonté d’expliquer la langue et, par le fait même, la maîtrise parfaitement illusoire d’un système que l’on ne comprend que partiellement.

Cette compréhension partielle induit des erreurs, des erreurs humaines. Par ailleurs, est-ce qu’une construction partagée par la quasi-totalité d’un groupe (pallier à, par exemple) peut vraiment être qualifiée d’erreur ?

La langue a ses raisons que la raison ignore, et ce n’est pas près de changer. Peut-être est-il temps de pallier au problème en pardonnant les fautes de syntaxe : celles des autres d’abord, et surtout les nôtres, celles que nous faisons tous encore et toujours…

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.