En littérature, une satire est un texte qui vise à critiquer ouvertement les idées d’une personne pour s’en moquer.
Satire def
Employée dans un but critique, la satire mobilise mots et images pour dénoncer une opinion, jugée néfaste ou défavorable.
La satire contemporaine s’émancipe de l’univers littéraire pour s’immiscer dans tous les objets culturels. Spectacles, émissions, films, séries sont autant d’espaces dans lesquels la critique se manifeste et transforme un produit culturel en une satire sociale.
De la poésie à la presse écrite, du théâtre de Molière à celui de Guignol, la satire s’est approprié l’espace public pour le critiquer, le moquer, le caricaturer et en bousculer les codes.
Plan de l’article :
Définition satire
Littéraire ou visuelle, la satire est une critique envers l’opinion d’un adversaire dans le but de la ridiculiser pour mieux la dénoncer. Souvent, cette attaque est ad hominem : elle vise la personne plutôt que ses idées.
Les plus grands auteurs, pour éviter la confrontation ou la censure, ont fait de la satire, acerbe et parfois déguisée, leur genre de prédilection.

Def satire
Parfois humoristique, très souvent moqueuse, la satire malmène généralement une opinion politique, morale ou sociale.
Elle se distingue de la caricature, qui ridiculise généralement des personnages en grossissant leurs traits. La moquerie quelque peu grotesque qui caractérise la caricature est davantage considérée comme une plaisanterie qu’une dénonciation.
La satire se distingue également du pastiche, qui reproduit le style d’un auteur dans le but de lui rendre hommage. L’intention du pastiche s’éloigne nettement du jugement et de la condamnation.
Certains des procédés stylistiques et rhétoriques utilisés dans la satire sont communs aux différents écrits cités ci-dessus. Humoristiques ou non, ces différentes créations font la richesse de la littérature française, jouant le plus souvent avec les frontières de leur propre définition.
La satire littéraire
Écrivain français et talentueux polémiste, François-Marie Arouet, dit Voltaire, est le maître de la satire. Avant lui, la satire latine revêt différentes formes : du poème au conte, en passant par le dialogue et le roman épistolaire, elle se contente de conjuguer sens critique et sens de l’humour.
Toutefois, la satire latine s’engouffre trop souvent dans la voie de la fiction pour travestir l’objection et éviter les représailles. Les Fables de Jean de La Fontaine en sont le meilleur exemple : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes », disait-il.
Par la personnification, l’auteur critique alors les puissants de l’époque et dénonce leur comportement : l’orgueil et la vanité du Roi sous les traits du lion, la bassesse et la servilité des membres de sa Cour, incarnés par des renards…
Ce faisant, La Fontaine dénonce l’abus de pouvoir et les injustices sociales, le gouffre qui sépare les riches et les pauvres. Mais, il critique toujours à couvert, sous la protection des animaux et à l’abri de la moralité qui caractérise la fable.
Satire synonyme
Si la satire littéraire ne devait avoir qu’un seul synonyme, il s’agirait du mot pamphlet. Argumentaire court, acerbe, voire violent, le pamphlet fait la part belle à la diatribe véhémente, à l’épigramme prosaïque et, en règle générale, à tout écrit publié qui suscite une certaine polémique.
Voltaire est l’un des premiers auteurs à extirper la satire du genre trop vaste de la littérature critique pour lui tailler une place sur mesure et en faire un genre littéraire à part entière.
Le genre satirique naît véritablement sous sa plume puisqu’il lui impose une double condition : la tonalité de l’œuvre et l’intention de l’auteur. Autrement dit, l’humour et la critique ne suffisent plus à caractériser la satire.
Voltaire se divertit en réprouvant ses adversaires dont les opinions feraient outrage aux bonnes mœurs. Il se voit en redresseur de torts, menant une action non violente, ou plutôt purement intellectuelle.
Si elle n’a rien de physique, l’agressivité est bel et bien présente : l’ironie, la dérision, l’exagération, l’imitation frisant le ridicule sont autant d’armes redoutables sous la plume de l’auteur.
En bref…
De façon générale, tout écrit ayant recours à l’humour, à l’ironie, voire à des moqueries nettement plus méchantes, pour dénoncer une opinion est une satire. Par son ton humoristique, sarcastique ou agressif, l’auteur affiche clairement son intention et sa cible.
La satire visuelle
Quelques décennies avant Voltaire, Molière — Jean-Baptiste Poquelin de son « vrai » nom —, s’inspire lui aussi de la satire latine et produit des pièces de théâtre volontairement moqueuses, vectrices d’une certaine rectitude, celle du classicisme de l’époque.
Définition satire visuelle
Le théâtre constitue un véritable trait d’union entre la satire littéraire et la satire visuelle. D’ailleurs, c’est à Philippe Néricault, lui-même dramaturge, directeur de troupe et comédien, que l’on doit la célèbre maxime : « La critique est aisée, mais l’art est difficile ».
Cette citation s’applique parfaitement à la satire : la critique, si elle en est la composante principale, ne suffit pas. La satire doit être intentionnelle et transparente, mais surtout brillante et ingénieuse pour atteindre sa cible sans s’en attirer les foudres.
La scène, le décor, tout le décorum du théâtre classique suffit à dissocier les paroles prononcées par les comédiens des mots écrits par le dramaturge. Cette dissociation, illusoire au demeurant, est quasi parfaite, car elle est avant tout visuelle et interactive : si la salle rit, c’est que la critique est validée.
Tout au long de sa carrière, Molière produit des pièces de plus en plus moqueuses, où la gentille moquerie humoristique laisse place à la critique sociale, puis à la satire politico-religieuse. Peu avant sa mort, il écrit Le Tartuffe ou l’Imposteur, considérée aujourd’hui encore comme l’un de ses chefs-d’œuvre.
À l’origine en trois actes, la pièce est d’abord jouée au château de Versailles devant la cour royale et en présence de Louis XIV. Choquées, les instances religieuses demandent au roi d’en interdire les représentations publiques jusqu’à nouvel ordre.
Molière est alors sommé de remanier sa pièce : il y ajoute deux actes pour noyer le poisson et la rendre moins provocante. La légende veut que le texte original, en trois actes plutôt qu’en cinq, n’ait jamais été retrouvé.
Satire exemple : le théâtre de Guignol
Au début du XIXe siècle, le public lyonnais découvre Guignol, une marionnette de bois, souvent accompagné d’un de ses acolytes, Gnafron, grand amateur de Beaujolais, et d’autres personnages récurrents, dont un représentant de l’ordre public.
Parler lyonnais, comique de situation, gestuelle des marionnettistes et accessoirisation disproportionnée (comme en témoigne le bâton du policier dont Guignol essuie régulièrement les coups), le petit cadre de bois dans lequel évoluent les personnages devient, au sens propre comme au sens figuré, le théâtre local des opérations.
Les saynètes, improvisées et non écrites, concurrencent rapidement les gazettes régionales, tout en scrutant la vie lyonnaise sous un angle comique. De critique sociale, le théâtre de Guignol devient une véritable satire politique, à grand renfort d’humour et de dérision.
Le théâtre de Guignol et sa portée humoristique et satiriste ont ouvert la voie à la caricature d’actualité dans la presse écrite, puis à la télévision, notamment dans l’émission culte des années 1990, Les Guignols de l’info.