Métonymie (figure de style) | Définition et exemples
Très présente à l’oral comme à l’écrit, la métonymie est une figure de style qui appartient à la famille des figures de substitution.
Elle concourt, entre autres, à une économie de mots qui permet d’aller à l’essentiel et de rendre un texte plus accessible et percutant.
Zoom sur une astuce stylistique qui fait couler beaucoup d’encre !
La métonymie : définition
On l’entend souvent parmi les figures de style les plus citées, mais au juste, c’est quoi, une métonymie ? Une question indispensable pour ne pas risquer de la confondre avec d’autres procédés rhétoriques…
Qu’est-ce qu’une métonymie ?
Une métonymie (dont le nom français est emprunté au latin metonymia) est une figure de style qui entre dans la catégorie des figures de substitution.
Elle consiste à remplacer un mot par un autre, ce mot de substitution ayant un rapport logique avec le mot initial.
Explication :
Par cette question, le locuteur veut signifier « Tu as vu le dernier film de Tarantino ? ». Néanmoins, on peut se passer d’un tel niveau de précision car le lien logique entre Tarantino et son travail (NDLR : Quentin Tarantino est un réalisateur de renommée mondiale) est si fort que l’on comprend immédiatement ce dont il s’agit.
Dans le cas présent, l’utilisation d’une métonymie apporte un côté informel qui dynamise le propos.
Il existe différents types de métonymies, et chacun d’eux est défini par le type de relation qu’elle induit :
- Relation du contenant au contenu,
Explication :
On parle en réalité du contenu du verre, pas du verre (au sens de récipient) en soi.
- Relation d’une part à la totalité,
Explication :
Demander la main d’une personne, c’est la demander en mariage, donc demander son être dans son entièreté, et pas seulement sa main au sens littéral.
- Relation du matériau à l’objet,
Explication :
Croiser le fer signifie se battre à l’épée (le fer étant le matériau dans lequel une épée est traditionnellement forgée).
- Relation du lieu aux habitants,
Explication :
Le sous-entendu est que ce sont les habitants de la ville de Valence qui se sont mobilisés.
- Relation de l’œuvre au créateur,
Explication :
Ernest Hemingway est l’auteur, mais ce sont ses romans qu’on lit.
- Relation de l’instrument à l’opérateur.
Explication :
C’est aux groupes de personnes qui jouent respectivement de ces instruments qu’on donne des consignes, pas aux instruments eux-mêmes, car ils ont besoin d’une virtuosité humaine pour jouer leur musique.
La métonymie consiste à substituer un mot par un autre sur la base d’une relation logique identifiée dans l’optique de raccourcir un propos, tandis que l’antonomase repose sur le remplacement d’un nom commun ou d’une périphrase par un nom propre (nom de personne, de lieu, de marque…) sur la base d’une caractéristique évocatrice..
Un Apollon est une antonomase qui désigne un homme très séduisant.
Un Don Juan est une antonomase qui désigne un coureur de jupons.
Un Frigidaire est une antonomase qui désigne un réfrigérateur.
Un Judas est une antonomase qui désigne un traître.
Ainsi, la différence entre la métonymie et l’antonomase tient à leur raison d’être : la métonymie s’appuie sur une association d’idées entre deux mots, alors que l’antonomase s’appuie sur un lien symbolique entre un nom propre et un type ou une caractéristique.
Pourquoi utiliser une métonymie ?
Tout l’intérêt d’employer une métonymie, c’est qu’elle permet de rendre un texte ou un discours plus expressif en amenant de la nuance et des raccourcis imagés, ces derniers ayant pour particularité de marquer efficacement et durablement les esprits.
En somme, on utilise la métonymie pour :
- raccourcir un texte ou un discours sans lui faire perdre de son sens,
- simplifier un propos,
- créer des images évocatrices et subtiles pour faire passer des idées,
- favoriser la mémorisation d’un message.
La métonymie : exemples
La métonymie est une des figures de style les plus utilisées dans le langage courant.
En effet, si elle trouve toute sa place dans la littérature, c’est d’abord les conversations et les échanges écrits de la vie de tous les jours qui lui font la part belle…
Exemples de métonymies courantes
Les métonymies sont très présentes dans nos discussions et lectures quotidiennes, si bien que vous en utilisez beaucoup sans vous en rendre compte.
Parmi les métonymies les plus connues, on trouve :
- Avoir du cœur : Cette femme a du cœur.
Sous-entendu : une belle âme, symbolisée par l’organe du cœur qui représente les sentiments nobles,
- Boire un verre/une bouteille : Nous avons bu une excellente bouteille de Bordeaux.
Sous-entendu : le vin bordelais contenu dans la bouteille,
- La Couronne : La Couronne anglaise est dans de beaux draps !
Sous-entendu : la Monarchie britannique, qui détient la propriété de la Couronne d’Angleterre,
- L’Élysée/Matignon/Bercy : Matignon a confirmé la rumeur.
Sous-entendu : l’équipe du Premier ministre,
- La plume de l’écrivain : Cet auteur a une plume magnifique !
Sous-entendu (métaphorique) : la plume avec laquelle cet auteur écrit lui permet de composer dans un style magnifique,
- Mettre les voiles : C’est décidé : dès demain, je mets les voiles !
Sous-entendu : partir en voyage, les voiles symbolisant le bateau qui emmène au large,
- Perdre sa langue : On dirait bien qu’il a perdu sa langue.
Sous-entendu : la parole, qui est la capacité de s’exprimer au moyen de l’organe qu’est la langue,
- Prendre la mer : Mon frère a pris la mer juste avant les Jeux Olympiques.
Sous-entendu : prendre un bateau pour aller en mer,
- Trouver un toit : Ces sinistrés ont enfin trouvé un toit.
Sous-entendu : un abri, un logement.
Métonymie : exemples littéraires
La littérature française n’est pas non plus exempte de métonymies brillantes, qui ont marqué les lecteurs et les époques.
- Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur.
(Victor Hugo, Demain dès l’aube) - Paris a froid, Paris a faim.
(Paul Éluard, Courage)
Même au théâtre, la métonymie a parfois su trouver sa place.
(Corneille, Le Cid)
Métonymie et synecdoque : quelle différence ?
La synecdoque peut elle aussi facilement être confondue avec la métonymie, car il s’agit de deux figures de style de substitution très proches. Pour être exact, la synecdoque est même une forme particulière de métonymie…
Les métonymies qui reposent sur une relation d’inclusion, c’est-à-dire sur une relation de partie à tout, sont en fait des synecdoques.
Explication :
En réalité, c’est l’équipe d’Argentine qui a gagné la Coupe du monde, car ce n’est pas le pays tout entier qui a disputé le match.
La phrase ci-dessus est une synecdoque construite sur la relation entre un tout (l’Argentine) et une de ses parties (l’Équipe nationale).
Là se trouve toute la nuance : les synecdoques sont donc un type précis de métonymie… alors que toutes les métonymies sont loin d’être des synecdoques !
La métonymie, largement évoquée au travers de cet article, est une notion qui couvre un ensemble plus large de relations logiques (contenant/contenu, lieu/habitants, créateur/création, etc.), et dont la synecdoque n’est qu’une forme parmi beaucoup d’autres.