21 exemples pour bien comprendre l’énantiosémie
Qu’est-ce que l’« énantiosémie » ?
Issu du grec « ἐναντίος » ou « enantίos » (« ce qui est opposé ») et de « σῆμα » ou « sễma » (« le signe »), un énantiosème désigne, en linguistique, un « mot dont la signification peut se contredire » et donc présenter une certaine ambivalence.
En raison de son ambiguïté et de sa polysémie, l’énantiosème peut livrer de nombreuses interprétations et nécessite de la réflexion et une certaine mise en perspective du mot dans son contexte pour bien en saisir le sens et la portée.
Un contronyme est tout simplement un mot synonyme de l’énantiosème : il désigne donc également tous les termes désignant une chose et son contraire.
Quelques exemples de mots qui se contredisent en français
@athenasolRéponse à @Mathéo Tu connaissais l’enantiosemie ? Et est-ce que tu connais d’autres enantiosemes ? #languefrancaise #french #francais #mot #vocabulaire #etymologie♬ Like a G6 – Like a G6 Karaoke
L’énantiosémie est un phénomène bien plus courant qu’on ne le croit. Voici une liste d’exemples les plus courants dans la langue française afin de mieux comprendre leurs différentes interprétations :
1. Amateur
Amateur est un emprunt du mot latin « amator », dérivé du verbe « amare » (« aimer »). Ce nom peut désigner une « personne novice dans un domaine » ou encore une « personne expérimentée et compétente ».
2. Aménités
Ce nom féminin issu du latin « amoenitas » (« charme ») peut être employé de deux manières.
Aménité peut, d’une part, être synonyme de « courtoisie », d’« amabilité » et, d’autre part, être utilisé de manière ironique pour faire référence à un échange ponctué de « propos blessants ».
3. Auguste
On retrouve ce terme autant sous la forme d’un adjectif que d’un substantif.
En tant qu’adjectif, il vient désigner quelque chose « inspirant le respect » et vient désigner un « clown » dans sa forme substantive.
4. Apprendre
Le verbe apprendre vient du latin « apprendere » : il peut désigner l’action d’« acquérir de nouvelles connaissances » dans un domaine ou, dans le sens inverse, « transmettre des connaissances par le biais de l’enseignement ».
5. Bête
Employé comme adjectif ou comme nom, bête peut désigner une personne « idiote » ou, inversement, une personne « très intelligente ».
À vous de voir et, surtout, de ne pas vous tromper !
- Grégoire est un crack en anglais.
6. Chasser
Chasser peut vouloir dire « être à la poursuite de quelqu’un ou quelque chose », mais aussi « faire fuir quelqu’un ou quelque chose ».
Ce verbe est issu du latin « captiare », altération de « captare » : on retrouve, d’ailleurs, la graphie latine dans certains mots de la langue française (captif, capturer, capture, etc.).
7. Confondre
Il est possible d’employer confondre pour dire « se tromper » ou bien « reconnaître, identifier, démasquer quelqu’un ».
Ce verbe est issu du latin « cofundere » (« mélanger », « unir
»), forme que l’on retrouve d’ailleurs dans d’autres langues romanes avec « confondere » en italien ou « confundir » en espagnol.
8. Consulter
Ce verbe peut être facilement confondu puisque, dans le milieu médical, il peut aussi bien s’appliquer au médecin qu’au patient.
Ainsi, un médecin peut « recevoir son patient à un rendez-vous » ou, à l’inverse, le patient peut « aller à un rendez-vous du médecin ».
9. Défendre
Défendre peut indiquer une « interdiction » ou la « protection » de quelqu’un ou quelque chose. On retrouve cette étymologie directement dans la racine latine du verbe « defendere », signifiant « repousser ».
10. Drôle
L’adjectif qualificatif drôle peut être utilisé pour décrire une situation « marrante, amusante » ou quelque chose de « suspect », « anormal ».
- Je vais chercher les drôles à l’école.
11. Écran
Issu de l’ancien français « escran », un écran est un « dispositif électronique permettant d’afficher des images ou des données » : un écran d’ordinateur, un écran de smartphone ou encore un écran de téléviseur, par exemple.
Cependant, ce peut aussi être un « dispositif permettant de cacher ou masquer quelque chose », origine que l’on retrouve dans le terme néerlandais « scherm » désignant une « grille ou un paravent ».
12. Gâter
Issu du latin « vastare » (« détruire ») à qui l’on doit le verbe français de même étymologie, « dévaster », gâter peut être employé de deux manières : lorsque quelque chose est « altéré », « abimé », « endommagé » ou, inversement, « favoriser et entretenir les défauts » d’une personne en faisant preuve d’une trop grande indulgence.
13. Hôte
Un hôte , du latin « hospes », peut être en même temps la « personne qui accueille, qui reçoit » (c’est-à-dire le « maître de maison ») et celle qui « est reçue ».
Comme l’indique l’Académie française, on retrouve ce sens directement dans le terme latin d’origine, « hospitem », désignant « celui qui donne ou reçoit l’hospitalité ».
14. Licencier
Licencier est issu du latin « licentiare », signifiant « congédier ». De facto, on peut licencier une personne, c’est-à-dire la « congédier », la « démettre de ses fonctions ».
Mais, comme tous les mots à double sens présentés dans cette liste, licencier peut aussi être utilisé en français pour indiquer « une autorisation de travail, d’activité ».
15. Louer
Louer s’utilise aussi bien pour « mettre un bien en location » ou « prendre un bien en location ». Le terme latin d’origine, « locare », a donné les mots location, locataire ou encore locatif dans la langue française.
- Le professeur a loué les talents de son élève. = Le professeur a vanté les mérites de son élève.
- Cet homme est loué de tous. = Cet homme est honoré de tous.
16. Partager
Partager est issu du substantif masculin partage auquel a été rajouté le suffixe « – er ». Il signifie « avoir quelque chose en commun » ou « diviser », « répartir ».
17. Plus
Source de confusion à l’écrit comme à l’oral, plus peut signifier « davantage » lorsqu’il est utilisé comme comparatif ou superlatif de beaucoup ou, inversement, indiquer l’« absence » de quelque chose.
— Non, je ne veux plus de gâteau, merci.
Ce dernier se construit avec plus et que afin d’établir une comparaison dans la phrase : plus intelligent que, plus grand que, plus créatif que, plus vite que, etc.
- Marion est plus grande que Charlène.
- Il a plus de courage que son grand frère.
- Fabien parle plus de langues qu’Elsa.
Un superlatif exprime le plus haut degré de quelque chose : on parle alors de superlatif d’infériorité ou de supériorité. Ce dernier se construit avec le/la plus et de/du/des.
- C’est le film que j’ai le plus aimé de tous.
- C’est le restaurant le plus cher des trois que nous avons dans la liste de recommandations.
- Léa est définitivement la personne la plus gentille du groupe.
18. Remercier
Issu de l’ancien français « mercier » (« exprimer sa gratitude »), ce verbe s’apparente directement au substantif merci.
Il peut être employé pour « exprimer sa gratitude » (comme dans une lettre de remerciement, par exemple) ou, par euphémisme, pour « congédier » une personne.
19. Sacré
Sacré peut être interprété de deux manières différentes : il peut être employé au sens propre dans l’univers du culte et de la religion pour désigner quelque chose de « saint », de « béni ».
Au sens figuré, il sera plutôt utilisé de manière péjorative pour décrire quelque chose ou quelqu’un de « maudit », « satané ».
- Quelle ordure, sacré nom de Dieu !
20. Sanctionner
Le verbe sanctionner est issu du substantif féminin sanction, dérivé des termes latins « sanctio » et « sancire » (« rendre irrévocable »).
Il peut vouloir dire « réprimer quelque chose » ou, inversement, « récompenser, valider, ratifier quelque chose ».
- Je sanctionne cette faute irréparable.
- L’employeur a puni son employé pour ses multiples erreurs.
21. Trinquer
Trinquer est un verbe à double sens : il peut vouloir dire « porter un toast », « lever son verre » à quelqu’un ou à un succès, mais aussi « subir les conséquences néfastes » de quelque chose.