Parmi les jeux de mots existants, celui dont cet article traite n’a pas fini de vous surprendre, malgré son apparente futilité…
Le calembour, qui repose sur la ressemblance phonique entre des mots de sens différent, est apprécié aussi bien par les amateurs de traits d’esprit que dans la littérature ou la publicité. Et pour cause : non seulement il n’a pas son pareil pour marquer les esprits, mais, en plus de cela, il n’a de limite que celles de votre imagination et offre des possibilités de création infinies !
Plan de l’article :
Qu’est-ce qu’un calembour ?
On observe une confusion récurrente entre le calembour et le jeu de mots, alors même que le calembour n’est qu’un type de jeu de mots bien particulier (comme peuvent l’être, par exemple, la contrepèterie ou le palindrome)...
Pour écarter toute ambiguïté, tranchons la question une bonne fois pour toutes : c’est quoi, un calembour ?
Calembour : définition
Le calembour est un type de jeu de mots, un procédé linguistique qui s’appuie sur des homophonies entre plusieurs mots. On entend par là le fait que des mots différents se prononcent de la même manière.
Calembour def
Un sale ami n’appartient pas aux gens bons !
Explication :
Le calembour ci-dessus joue sur l’homophonie entre « sale ami » et « salami », puis « gens bons » et « jambon », deux charcuteries distinctes.
C’est cette ressemblance en termes de sonorités qui permet d’effectuer des rapprochements avec des mots à la prononciation similaire, et ainsi donner naissance aux calembours.
Le calembour est un jeu de mots qui s’appuie pleinement sur les ambiguïtés et les subtilités de la langue. Le manier nécessite par conséquent une bonne connaissance de cette dernière, ainsi qu’un appétit aiguisé pour la mélodie et le sens des mots.
Calembour : étymologie
L’origine du nom calembour est encore incertaine à ce jour. En effet, selon le journaliste et homme de lettres Philarète Chasles, on doit ce mot à un personnage récurrent des contes allemands, l’abbé de Calemberg. Il défend cette thèse dans un essai publié en 1854, Études sur l’Allemagne.
Mais de nombreux linguistes s’accordent plutôt à considérer que calembour est un dérivé du terme calembredaine, lequel se disait initialement calembourdaine.
Le calembour, selon les thèmes sur lesquels il joue, peut appartenir à tous les genres et produire tous les effets. Ainsi, il est le plus souvent humoristique, mais peut aussi être plus poétique, voire faire l’objet de blagues très élémentaires, du type « blagues Carambar ».
De cette façon, un calembour peut être particulièrement fin et recherché, pour plaire aux fins gourmets en la matière… comme verser dans l’humour très facile afin d’être compris et apprécié par tous les publics, y compris les enfants.
Calembour exemple
On ne dit pas Barbara (Barbe-à-rat) mais Moustache-à-souris !
On peut retrouver des calembours :
- dans des blagues courantes,
- dans la publicité,
- dans des spectacles d’humour,
- dans les dialogues de films,
- dans tous les genres littéraires (roman, poésie, théâtre…).
Le calembour, ce grand mal-aimé des intellectuels… en apparence
« Le calembour est la fiente de l’esprit qui vole », écrivait Victor Hugo (jamais dans la demi-mesure…) à propos de ce jeu de mots qu’il semblait abhorrer — c’est en tout cas ce qu’il fit dire à l’un de ses personnages à travers une longue tirade présente dans les Misérables. Pourtant, plusieurs de ses œuvres font état de savoureux calembours, à l’image de la phrase suivante :
- Vénus luisait, évanescente, sur le chevet d’Eva naissante.
(Victor Hugo)
Si l’on élargit le constat aux jeux de mots — dont le calembour n’est finalement qu’une facette parmi d’autres — on constate que ses homologues n’étaient pas en reste de critiques… « Barbare » selon le philosophe des lumières Denis Diderot, « abusif » d’après le dramaturge Jean-Joseph Vadé, et même « ramassé parmi les boues des Halles et de la place Maubert » pour Molière ; le jeu de mots ne manque pas de détracteurs à travers les époques.
Nuançons toutefois le bien-fondé de ces critiques : en réalité, il y existe des calembours et des jeux de mots pour tous les goûts et tous les registres, qu’ils aient une visée humoristique ou non. Quant aux figures de style, tenues en haute estime et utilisées maintes fois par ces auteurs, ne sont-elles pas également, à leur façon, des sortes de jeux de mots « haut de gamme » ? …
Calembour : synonymes
Le calembour désignant un type spécifique de jeu de mots, le terme qui le désigne l’est tout autant. Par conséquent, le mot calembour ne possède pas de synonyme parfait.
Cependant, afin d’éviter les répétitions, on peut le remplacer par des mots très proches en termes de sens, à choisir en fonction de la facette que l’on veut souligner, mais en gardant en tête qu’il s’agit uniquement de termes généraux, imprécis par nature.
Calembour : exemples de synonymes
- Jeu de mots (générique),
- Trait d’esprit,
- Blague,
- Plaisanterie,
- Homophonie (par analogie).
Calembour et contrepèterie : deux jeux de mots différents
Attention à ne pas employer le terme de contrepèterie comme synonyme du calembour (car c’est une erreur fréquente).
En effet, bien que le calembour et la contrepèterie requièrent tous les deux une manipulation des sons pour exister, ce sont deux figures de style différentes.
- Le calembour est un jeu de mots fondé sur la différence de sens entre des mots qui se prononcent de la même façon (homophonie).
- La contrepèterie, quant à elle, consiste à permuter plusieurs lettres ou syllabes dans une phrase afin d’en modifier la graphie et la signification.
Exemples :
- Les mots rendent les écrits vains.
- Le jeu de mots dans la phrase ci-dessus repose sur l’homophonie entre « écrits vains » et « écrivains », ainsi que sur le rapprochement de sens que l’on peut faire entre les « mots », les « écrits vains » et les « écrivains ». Nous sommes en présence ici d’un calembour.
- Le Saint-nectaire
- Si l’on inverse deux lettres dans ce mot, cela donne un groupe nominal : le nain sectaire. Il s’agit donc d’une contrepèterie.
Ce n’est pas une règle figée dans le marbre, mais le calembour est, selon l’usage, souvent bon enfant, tandis que la contrepèterie a plus volontiers des accents grivois, voire vulgaires…
Exemples de calembour
La littérature, mais aussi la publicité, et plus généralement la culture populaire, regorgent de calembours de toutes sortes.
En voici un petit florilège… à consommer sans modération !
Calembour : exemples faciles
C’est là un constat que les amateurs de jeux de mots pourront difficilement renier : plus un calembour est court et/ou simple à comprendre, plus il a de chances de faire mouche auprès du public auquel il est destiné !
Alors restez simple, et ne perdez pas de vue que les plaisanteries les plus faciles sont parfois plus efficaces que des formules plus alambiquées, mais qui ne parleront pas forcément à votre auditoire…
Calembour exemple facile
- On n’a jamais vu de camion si terne.
- Les bricoleurs du dimanche en ont marre tôt !
- Pour faire l’amour, c’est entre adultes qu’on s’entend !
Calembour et humour
La plupart du temps, le calembour est prononcé dans le but de susciter le rire. Pour cela, il se doit d’être drôle afin d’éveiller, a minima, un sourire chez celui qui le reçoit.
Calembours drôles
- Comment peux-tu manger ce poisson alors qu’il est pané ?
- « Nous le savons, et pas seulement de Marseille. »
(Pierre Desproges)
Parfois, les calembours peuvent même faire référence à des personnes existantes, dont des personnalités connues.
Calembour et jeux de mots : exemples
- C’est en sciant que Léonard devint scie.
- Que fait Johnny le midi ? L’idole déjeune !
Calembours littéraires
S’il n’est pas rare d’avoir à lire à voix haute un calembour pour le comprendre, ce n’est pas pour autant qu’ils ne sont pas présents à l’écrit, y compris dans les écrits les plus littéraires.
Calembour auteurs littéraires
- Si tu ne veux pas que je meure, ne me parle pas de cyprès.
(Jean Cocteau) - De deux choses lune, l’autre c’est le soleil.
(Jacques Prévert)
Quelques auteurs férus de bons mots se sont même illustrés dans cet exercice : c’est le cas de l’inoubliable François Rabelais, auteur des tout aussi inoubliables Pantagruel et Gargantua.
Calembour Gargantua
Dès les premiers chapitres de Gargantua, Rabelais s’illustre par plusieurs jeux de mots truculents, dont un calembour resté célèbre :
– Dieu tout-puissant a fait les planètes, et nous, nous faisons les plats nets.
Enfin, n’oublions pas la poésie, art de la composition verbale par excellence, qui a accueilli (et accueille encore) de nombreux calembours.
Exemple de calembour en poésie
Un fervent de la pantomime osa
Enfer ! Vendre la pente aux mimosas.
(Francis Ponge, « Le Mimosa »)